117 ans plus tard, le dirigeable prépare son grand retour

80 ans après l’accident dramatique du Zeppelin Hindenburg, les dirigeables sont proches d’une renaissance. En effet, la société française Hybrid Air Freighters (HAF) a signé une intention d’achat pour douze aéronefs Lockheed Martin lors du Salon International du Bourget le mois dernier.

Le but de ces douze dirigeables serait d’effectuer des livraisons de fret dans des zones reculées ou difficiles d’accès.

Il faut dire que ce secteur fait de plus en plus parler de lui au fil des ans, avec une concurrence croissante, innovante et très ambitieuse pour faire revivre ce géant des airs.

La renaissance enjouée du « ballon »

117 ans après son premier vol, le dirigeable fait le buzz avant un retour en force annoncé à court terme. Le 2 juillet 1900, le premier Zeppelin LZ-1 prenait son envol sur le lac de Constance, en Allemagne. Ses dimensions étaient impressionnantes du fait de sa longueur de 128 mètres. Il possédait deux moteurs Daimler de seulement 14,2 chevaux.

Le vol a duré seulement 18 minutes, après un atterrissage forcé suite à la casse du mécanisme d’équilibrage. Depuis quelques années, les concepts se multiplient pour imaginer son retour. Que ce soit pour le transport de passagers ou de fret, il revient sur le devant de la scène comme une solution innovante, écologique, et économique grâce à des systèmes hybrides et son large rayon d’action.

Lors du dernier Salon du Bourget, l’opérateur HAF a signé une intention d’achat de douze appareils LHM1 pour 500 millions de dollars. Le constructeur est le célèbre Lockeed Martin, qui avait développé ces dirigeables pour le Pentagone de manière secrète, par le biais de son laboratoire « Skunk Works ».

Mais les militaires américains avaient trouvé des alternatives avant l’aboutissement du projet. Il est ainsi disponible à la vente. En 2016, la société britannique Straightline Aviation a commandé douze exemplaires. Comme l’explique dans Le Point le PDG de HAF, Hubert de Contenson, « Nous sommes sur le même créneau, mais nous ne sommes que deux opérateurs et le monde est vaste, aujourd’hui, il y a un marché pour 200 à 300 dirigeables de cette taille ».

Airlander, un modèle similaire à celui de Lockheed Martin

Ce chiffre devrait augmenter lorsque des modèles capables de soulever non pas 21 tonnes actuellement mais 90 tonnes seront commercialisés. Il faut dire que le dirigeable présente de nombreux avantages. Il n’a pas besoin de piste, il peut se poser n’importe où et peut fonctionner 18 heures par jour. Sa vitesse sera d’environ 60 noeuds (111km/h). Impressionnant pour un tel appareil.

Le futur camion… des airs

Ils sont équipés de quatre moteurs de 340 chevaux, soit l’équivalent de quatre camions de taille moyenne. Cependant, leur taille imposante les rend peu discrets et très vulnérables, ce qui ne plaira pas à toutes les autorités. Car même s’ils sont remplis d’hélium (non inflammable) et non d’hydrogène, ils peuvent causer des dégâts importants en cas d’attaques ou de crash.

Contrairement aux avions de ligne, ces appareils volent bas, 750 mètres environ contre 8 à 10 kilomètres. Une altitude seulement utilisée par l’armée ou l’aviation légère. Ils ne surchargeront pas ainsi un ciel de plus en plus saturé. Ils éviteront simplement les zones aéroportuaires pour éviter les avions en phase de décollage ou d’atterrissage.

HAF souhaite les utiliser pour réaliser des missions de logistique et de transport de fret sur des zones peu accessibles, qu’elles le soient naturellement ou suite à des catastrophes naturelles. Ils pourraient ainsi rendre de fiers services, voire être utilisés comme appareil de surveillance.

Ce type d’appareil va également servir de « paquebot » des airs (il peut accueillir 18 personnes), pour réaliser des croisières originales et développer un tourisme de luxe inédit. Pour l’heure, HAF compte mettre en oeuvre ses dirigeables entre 2019 et 2020. Le premier marché concernera des sites industriels ou des chantiers isolés dans le monde entier.

« Parfois, il est préférable de ne pas construire de route, comme en Guyane par exemple, si l’on ne veut pas détruire la canopée » précise Hubert de Contenson. Il explique que l’intérêt actuel du dirigeable en France est minime du fait du réseau routier très développé. Mais à l’avenir, l’appareil pourra relier les ports de la Baltique et de la Méditerranée pour désengorger les axes principaux surchargés.

De quoi soulager les réseaux routiers et ferroviaires et diminuer ainsi la pollution globale, d’autant plus grâce à l’hybridation des dirigeables. Ressuscité avec succès à travers le jeu Battlefield 1, le « mastodonte » s’apprête désormais à reprendre les airs… pour de vrai !

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