En Algérie, un YouTubeur risque la peine de mort pour une vidéo et quelques publications

Un YouTubeur algérien risque actuellement la peine de mort pour ses posts Facebook et une vidéo YouTube. Merzoug Touati, détenu depuis près d’un an et demi, est accusé d’encourager les troubles civils en Algérie.

Dans un message publié le 2 janvier 2017, Touati a appelé les habitants de la ville de Béjaïa à protester contre une nouvelle loi de finances.

Dans une vidéo diffusée sur YouTube six jours plus tard, le blogueur a interviewé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien. Dans la vidéo, il conteste les accusations des autorités algériennes selon lesquelles les autorités israéliennes étaient impliquées dans des manifestations en Algérie.

Depuis toujours, Touati ne cesse de clamer son innocence et estime être injustement jugé pour des crimes qu’il n’a pas commis.

La position d’Amnesty International par rapport à l’affaire

Amnesty International a examiné les documents de la cour qui figurent sur la liste des « éléments de preuve » publiés par Touati avant que son compte Facebook et son blog ne soient supprimés.

L’organisme a conclu qu’il n’y avait pas d’incitation à la violence ou de propagande haineuse. Ses publications étaient conformes à la liberté d’expression dans le cadre de son travail de journaliste-citoyen.

Amnesty International considère ainsi Touati comme un prisonnier d’opinion détenu uniquement pour avoir exprimé ses opinions pacifiques. Touati était un diplômé universitaire au chômage au moment de son arrestation et il n’est affilié à aucun parti ou une association politique. C’est en 2015 qu’il a commencé à gérer une page Facebook et un blog intitulé alhogra.com traitant des développements politiques et des droits de l’homme.

L’affaire Touati

La police a arrêté Merzoug Touati le 18 janvier 2017. Le 24 octobre 2017, la Chambre d’accusation de la Cour de Béjaïa a officiellement envoyé l’affaire devant le tribunal pénal, accusant Touati d’« incitation à utiliser des armes contre l’autorité de l’État, incitation à la réunion non armée, nuisance aux relations diplomatiques et incitation aux rassemblements et aux sit-in dans les espaces publics. »

Touati est emprisonné depuis le 22 janvier 2017 et actuellement détenu à la prison d’El Khemis à Béjaïa. Il a mené au moins trois grèves de la faim pour protester contre sa détention prolongée. Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré : « Chaque jour que Merzoug Touati passe en prison est un jour de trop et une tache de plus sur le bilan des droits de l’homme en Algérie. »

Le procès pour le jugement de Touati devrait commencer le 24 mai 2018

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