Frankenstein, entre réalité et fiction

En 1818, Mary Shelley publiait dans l’anonymat le roman intitulé Le Funeste Destin du docteur Frankenstein. Elle aurait écrit l’histoire, deux ans plus tôt, alors qu’elle était en fuite avec son amant et séjournait chez des amis, dans une villa au bord du lac Léman, en Suisse. À cette époque, elle n’avait que seize ans. Elle n’aurait pas pu prédire que son récit allait devenir être le précurseur de la science-fiction moderne et s’imposer comme l’un des plus influents mythes de la culture populaire.

Mary Shelley a imaginé l’histoire de Frankenstein, ou le Prométhée moderne, dans une atmosphère de fin du monde.

Frankenstein

Une explosion volcanique survenue le 10 avril 1815 avait engendré un nuage de poussière noire recouvrant le ciel. Elle l’a aussi écrit dans le cadre d’un défi entre amis qui consistait à trouver l’histoire la plus effrayante.

En outre, Frankenstein a été imaginé dans une époque de l’histoire où prédominait l’idée que la vie était liée à l’électricité. Le récit aurait même été inspiré d’un fait réel qui n’avait rien de fantastique.

Une vraie dissection publique à Londres

Le 17 janvier 1803, une exécution a eu lieu dans la prison de Newgate, à Londres. Condamné pour meurtre, un jeune homme du nom de George Forster y a été pendu. Son corps a ensuite été amené au Royal College of Surgeons pour une dissection publique.

La tâche a été confiée à Giovanni Aldini, un philosophe italien à qui revient le mérite de la découverte de « l’électricité animale ».

D’après le Times, lors de la première expérience menée sur le cadavre, sa mâchoire a commencé à trembler et l’effet s’est ensuite propagé sur tous les muscles adjacents, provoquant par la même occasion l’ouverture d’un de ses yeux. Par la suite, le même traitement a provoqué des spasmes à travers les mains et les jambes du cadavre.

C’était comme si le malheureux était sur le point de retrouver la vie.

Le symbole de l’anxiété générée par le progrès

Vraisemblablement inspirée par ces événements, la jeune romancière a donné vie à deux personnages : le créateur et la créature.

Victor Frankenstein était le nom attribué au jeune et brillant chirurgien qui recollait des morceaux de cadavres récupérés dans les cimetières et dans les abattoirs.  Un chirurgien dont le seul et unique objectif était de tenter de réanimer la créature en insufflant une étincelle d’énergie et d’existence dans sa création… par le biais de l’électricité.

À l’époque, l’expérience menée par Giovanni Aldini avait bénéficié d’une couverture médiatique assez importante. Cela n’a jamais été prouvé, mais beaucoup n’ont pas manqué d’établir un parallèle entre la terrifiante histoire de Mary Shelley et cette étrange expérience.

Une expérience suffisamment hors-norme pour inspirer un tel récit.

Le Funeste destin du docteur Frankenstein vient précisément de fêter son deuxième centenaire. Arte lui a consacré un documentaire complet, disponible en VOD à cette adresse.

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