Madhumala Chattopadhyay, la femme qui a réussi à entrer en contact avec la tribu de North Sentinel

Sur l’île de North Sentinel, en Inde, se trouve un ancien peuple de chasseurs-cueilleurs coupé du reste du monde depuis environ 60 000 ans. On les appelle les « Sentinelles » et c’est une tribu particulièrement hostile qui n’hésite pas à tuer les intrus avec leurs flèches et leurs lances.

Le missionnaire américain John Allen Chau en a fait la fatale expérience le 16 novembre 2018 en tentant d’entrer en contact avec les Sentinelles.

Les Sentinelles

Le pauvre a été criblé de flèches et les autorités hésitent encore à aller chercher son corps.

Pourtant il y a 27 ans, une anthropologue du nom de Madhumala Chattopadhyay avait réussi à entrer en contact avec ce peuple réputé hostile. Mais elle avait adopté une approche différente de celle de Chau.

L’histoire d’une prise de contact amicale avec les Sentinelles

L’île de North Sentinel s’étend sur une superficie de 72 km2 et abrite une population actuellement estimée à environ 150 personnes, les Sentinelles. Le territoire est souverain et placé sous la protection de l’Inde, et il est strictement interdit de l’approcher depuis 2010. Pour cause, les Sentinelles rejettent tout contact avec d’autres personnes.

Elles sont en effet connues pour avoir accueilli des étrangers en leur lançant des flèches. Pourtant, une équipe d’expédition, comprenant le Dr Madhumala Chattopadhyay, a pu établir un contact amical avec ces insulaires réputés hostiles en 1991.

Lors d’une interview, Madhumala a expliqué que les Sentinelles avaient baissé leur garde en voyant qu’une femme faisait partie de l’équipe d’expédition. L’anthropologue, qui est maintenant un haut responsable du ministère de la Justice sociale et de l’autonomisation, a déclaré qu’elle et son équipe avaient conduit jusqu’à trois expéditions de prise de contact avec les Sentinelles, à bord du MV Tarmugli, un navire de l’administration des îles Andaman-et-Nicobar (un des sept territoires de la République de l’Inde). Elle explique qu’à deux reprises ils avaient pu entrer en contact avec les tribus, mais que la troisième fois, à cause du mauvais temps, les Sentinelles n’étaient pas venues sur la plage à leur rencontre et que l’équipe avait dû repartir.

Le secret d’une expédition réussie sur l’île de North Sentinel

L’expédition qui a réussi à établir un contact amical avec les Sentinelles était constituée d’une équipe de 12 membres, dirigée par S. Awaradi alors directeur du département indien du bien-être tribal. L’expédition est partie le 3 janvier 1991 à bord du MV Tarmugli, et a atteint l’île des Sentinelles le 4 janvier. En s’approchant des côtes, ils ont vu des tribus près des rivages. Ils sont alors montés à bord d’un petit dinghy (petite embarcation indienne) pour s’approcher du rivage. L’équipe a alors commencé à jeter des noix de coco (qu’on ne trouve pas sur l’île) que les Sentinelles se sont empressées de venir ramasser.

Ne sentant aucune hostilité, Madhumala et son équipe sont alors descendus sur la côte pour offrir le reste des noix de coco de main à main.

“Après avoir beaucoup travaillé avec les tribus indigènes des îles Andaman-et-Nicobar, je connaissais la langue de certaines tribus locales comme les Jarawa et les Onge. Je leur ai dit ‘Nariyali Gabha Gabha’ ce qui voulait dire venez chercher les noix de coco. En entendant ces mots, les Sentinelles semblaient heureuses et se sont immédiatement précipitées vers nous pour récupérer les noix de coco. Certains nous ont même touchés ainsi que nos bateaux. Lorsque le cadeau que nous avions apporté est fini, l’équipe est retournée à la maison”, raconte Madhumala.

Le deuxième contact qui a débuté le 21 février 1991 s’est passé de façon similaire, toujours avec des noix de coco en guise de cadeau pour les Sentinelles. Mais il a failli y avoir un incident lorsque les sentinelles ont voulu prendre les fusils apportés par les policiers (par mesure de sécurité) pour en faire des flèches. Les policiers ont refusé mais les Sentinelles n’ont pas mal réagi et l’équipe est revenue sans problème.

La mort tragique du ressortissant américain John Allen Chau

Le succès des expéditions menées par le Dr Madhumala Chattopadhyay et son équipe en 1991 semble être clairement le résultat de leur approche très amicale vis-à-vis du peuple de l’île de North Sentinel.

Et c’est justement ce qui semble avoir fait défaut au missionnaire américain John Allen Chau, 27 ans, lors de sa tentative d’approche des Sentinelles le 16 novembre 2018. Alors que l’île de North Sentinel a été déclarée zone interdite par une loi de 2010, Chau avait entrepris un voyage illégal sur l’île. Une imprudence qui lui aura coûté la vie, puisque le jeune homme a été criblé de flèches au contact des autochtones de l’île.

Avant cela en 2006, les Sentinelles avaient également fait parler d’eux lorsqu’ils ont tué deux pêcheurs dont le bateau s’était égaré vers l’île de North Sentinel.

Les autorités indiennes pour leur part tiennent à préserver l’isolement des Sentinelles et interdissent strictement toute tentative de prise de contact avec l’un des derniers peuples primitifs existant encore sur Terre.

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