Oubliez les musées, les sorties de classe se font à présent dans les Apple Store

L’Éducation nationale se retrouve dans une position compliquée depuis la diffusion d’un reportage au 20 heures de France 2, un reportage qui nous a tout simplement apprit que les enseignants emmenaient de plus en plus leurs élèves dans les Apple Store pour leurs visites pédagogiques. Inutile de le préciser, mais la nouvelle ne fait pas plaisir à tout le monde.

Les sorties scolaires ne sont pas nouvelles. Les enseignants proposent depuis longtemps ces activités, des activités visant principalement à faire découvrir aux élèves de nouveaux lieux et de nouveaux milieux.

En temps normal, les sorties scolaires ont un but pédagogique très clair et elles se déroulent dans des lieux culturellement très affirmés, des lieux comme des musées, des expositions ou même des parcs animaliers.

Des sorties scolaires dans des Apple Store font polémique

Apple, de son côté, propose aussi des sorties de classe et l’entreprise propose ainsi aux enseignants et à leurs élèves de venir dans ses boutiques pour suivre une série de cours ou de formation portant sur des outils créatifs… ou plutôt sur ses outils créatifs. La nuance est importante.

Fermement décidée à en apprendre un peu plus sur le déroulement de ces sessions, France Télévisions a contacté Apple afin de pouvoir suivre et filmer une de ces visites. L’entreprise a refusé.

Loin de baisser les bras, L’Oeil du 20 heures a donc envoyé un de ses reporters sur place en caméra cachée en le faisant passer pour l’enseignant d’une classe élémentaire.

Le bilan se passe aisément de commentaire. Les élèves sont en effet reçus en grande pompe par le personnel des boutiques de la marque et ils sont ensuite dirigés vers ses tablettes ou ses ordinateurs afin de suivre des cours portant sur les outils commercialisés par l’entreprise.

Plusieurs formations sont proposées. Si certaines touchent au montage vidéo, beaucoup portent sur le développement, un secteur sur lequel la compagnie a massivement investi ces dernières années. Pour une de ces formations, les enfants apprennent ainsi à piloter un robot vendu en boutique en utilisant le langage de programmation de l’entreprise.

La faute aux enseignants ou à l’Éducation nationale ?

L’Oeil de 20 heures a eu l’occasion de s’entretenir avec plusieurs vendeurs. Ces derniers ont affirmé que ces sessions étaient loin d’être désintéressées. Les enfants participants à ces formations reviennent en effet souvent avec leurs parents par la suite et ces cours peuvent ainsi déboucher à terme sur des ventes de produits.

De son côté, le directeur de l’école impliqué ne semble pas voir le mal et il estime ainsi que ces cours ont réellement une valeur pédagogique dans ce sens où ils permettent aux élèves de s’initier au développement et à d’autres processus de création. Si le fait que ces sessions se déroulent dans une boutique appartenant à une entreprise privée semble le gêner, il estime tout de même que ces cours peuvent apporter un plus aux enfants.

L’Éducation nationale ne semble pas de cet avis. Paul Devin, un inspecteur contacté par nos confrères, a ainsi rappelé qu’il existe un code de bonne conduite pour les enseignants, un code qui promeut notamment le principe de neutralité. Un fonctionnaire se trouvant dans l’exercice de ses fonctions ne peut effectivement pas faire de promotion pour un objet commercial.

Dans l’absolu, ces sorties scolaires peuvent effectivement revêtir un caractère gênant, mais l’Éducation nationale a de mon point de vue sa part de responsabilité. Si les enseignants étaient formés pour assurer des cours portant sur ces thèmes et s’ils avaient en plus le matériel adéquat, ils n’auraient pas besoin d’emmener leurs élèves dans une boutique tenue par une entreprise privée.

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