SpinLaunch, l’entreprise qui veut catapulter nos fusées

SpinLaunch travaille depuis quatre ans sur une nouvelle technique visant à placer nos satellites en orbite sans dépenser le moindre litre de carburant, une technique reposant sur l’utilisation d’une catapulte. Ce n’est pas du tout une plaisanterie, loin de là.

Le lancement d’une fusée dans l’espace est une opération très coûteuse.

Catapulte

Entre les lanceurs dont le coût de fabrication dépasse le plus souvent les cent millions de dollars et les litres de carburants nécessaires dans l’opération, on peut même parler de véritable gouffre financier.

Une catapulte pour rendre l’espace plus accessible

SpaceX, de son côté, a eu l’idée de développer des lanceurs réutilisables pour rendre l’espace plus accessible. L’initiative a été couronnée de succès et la firme est ainsi capable désormais de récupérer ses Falcon 9 sans trop de difficultés et avec un taux de réussite tout à fait convenable.

Mieux, elle a même réussi à récupérer deux des trois lanceurs utilisés dans la conception de la Falcon Heavy lors du premier lancement de cette dernière.

Il reste évidemment l’épineux problème du carburant, mais Jonathan Laney pense avoir trouvé une solution. L’homme a en effet eu l’idée de remplacer les lanceurs traditionnels par un système de propulsion reposant sur l’utilisation… d’une catapulte.

En 2014 et dans le plus grand secret, Laney a donc monté une nouvelle entreprise afin de travailler sur cet étonnant projet, un projet basé sur une centrifugeuse géante capable de générer suffisamment d’énergie pour permettre à des fusées d’échapper à l’attraction terrestre sans avoir besoin d’un lanceur.

La communauté scientifique est sceptique

Comme l’homme d’affaires le rappelle lui-même dans une interview menée par le site TechCrunch, “les fusées sont notre seul moyen d’atteindre l’espace, et ce depuis l’aube de l’âge spatial”. Pour lui, c’est évidemment un problème, puisque le coût induit par les lanceurs rend l’espace peu accessible pour les entreprises et les pouvoirs publics.

Reste que l’entreprise donne finalement peu de détails sur son alternative. Durant l’entretien mené par nos confrères, le PDG de SpinLaunch a indiqué que la technologie centrale a été développée, prototypée et testée, mais aucune photo n’a été présentée pour le moment et les essais menés par l’entreprise n’ont pas été rendus publics.

Jonathan Laney, de son côté, indique avoir besoin de capitaux pour pouvoir construire sa centrifugeuse géante. Durant ces quatre dernières années, SpinLaunch a réussi à lever dix millions de dollars, mais ce n’est visiblement pas suffisant et le PDG a donc lancé un nouveau tour de table, tour de table qui devrait cette fois lui rapporter trente millions de dollars. En parallèle, l’homme a également entamé des négociations avec Hawaï et ces dernières pourraient lui permettre de lever vingt-cinq millions de dollars de plus.

Reste que ce projet de catapulte soulève de nombreuses questions dans la communauté scientifique. Certains chercheurs pensent en effet que les fusées et satellites lancés par ce biais ne pourront pas franchir la barrière invisible formée par notre atmosphère.

3 réflexions au sujet de “SpinLaunch, l’entreprise qui veut catapulter nos fusées”

  1. ce type de lancement de science fiction avait été abondamment discuté sur Futura, moult calculs à la clé, avec de vrais ingés et chercheurs dans la boucle … même s’il s’agissait de calculs de coins de table. dans les années 2003/10 ?

    Sur le papier le principe est séduisant : dans un anneau sous vide, faire tourner la charge à lancer jusqu’à ce qu’elle atteigne maxQ. une très faible puissance est nécessaire, on dispose d’un temps infini pour l’accélérer (premier avantage : la puissance instantanée faible)
    durant ce temps la charge accélère doucement, mais sans frottements (induction linéaire + tube sous vide). deuxième avantage : un rendement énergétique de fou, proche de 90%
    Une fois atteint maxQ un aiguillage dérive la charge vers un second tube en forme de rampe coudée qui rejoint la verticale, une opercule (tente de) équilibre la pression intérieure et extérieure du tube, la charge s’éjecte à sa vitesse max, des boosters conventionnels prennent le relais.
    troisième avantage, la partie perdue du lanceur est négligeable comparé aux système conventionnels .

    Mais les calculs amenaient grosso-modo a de grosses limites ou de grandes exigences :
    – pour que la charge ne subisse pas de G latéraux monstrueux, il fallait un diamètre de la fronde gigantesque, de l’ordre de plusieurs à une dizaine de kilomètres de diamètre (bon, ce genre de chose existe, type LHC)
    – l’aiguillage accélération circulaire / orientation vers rampe ne présente aucun droit à l’erreur et doit être d’une terrible réactivité. sinon c’est la mort de l’ouvrage assurée (et bien sûr de la charge ou des hommes en cas de charge habitée)
    – vu les vitesses envisagées, l’équilibrage de pression sera inévitablement brutal et très complexe. sans équilibrage la sortie du tube équivaut à percuter un mur. Un mur d’air à mach 7 ou plus…

    – le gain serait très faible s’il ne s’agit que d’acquérir une vélocité initiale ” au niveau de la mer” , elle serait perdue durant la traversée des couches basses, et il faudrait réaccélérer ensuite. Peu d’interêt.
    la solution aux deux problèmes c’est de quitter les couches les plus basses et les plus denses, et installer la fronde sur un haut plateau à plusieurs milliers de mètres d’altitude, et d’amener la partie rampe elle même a… plusieurs milliers de mètres à nouveau. une construction pharaonique effectuée sous oxygénateur !
    Un palliatif additionnel serait d’ajouter à la charge une masse morte très importante, qui redescendrait sous parachute, comme batterie cinétique pour limiter les chocs et limiter partiellement une trainée au “cube de la vitesse”

    Bref, un projet pas totalement déconnant mais d’ampleur considérable, pas un truc de coin de table

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