Sur Facebook, il vaut mieux publier des photos violentes que des nus artistiques

Facebook impose des conditions d’utilisation très strictes. Les internautes peuvent échanger sur tous les sujets de leur choix mais ils n’ont pas le droit de partager des contenus violents, érotiques ou même pornographiques. En théorie, ces fameux contenus sont tous traités de la même manière mais la réalité est toute autre et c’est précisément ce que prouve la dernière enquête menée par “L’Oeil du 20 heures”.

Les équipes de France 2 se sont effectivement livrées à une expérience fort intéressante en fin d’année dernière pour déterminer si Facebook traite tous les contenus “interdits” de la même manière.

Facebook Nu
Sans ce ruban, Facebook pourrait interdire cette publication.

Elles ont ainsi commencé par créer deux types de profils différents.

Facebook a visiblement un problème avec l’art

Sur les premiers, elles ont publié de nombreuses photos de nus signées par Helmut Newton.

Après avoir passé une bonne partie de son enfance à Berlin, il a quitté l’Allemagne nazie en 1938 pour aller vivre à plusieurs milliers de kilomètres de sa terre natale, en Australie.

Là, il a travaillé pendant quelques années pour l’armée avant de se lancer dans la photographie. Il a bossé pour l’industrie de la mode mais également pour le magazine Playboy.

Durant toutes ces années, il a été marqué par l’érotisme et son travail lui a permis de remporter de nombreuses récompenses comme le Grand Prix National de la photographie en 2004. Il a même été sacré Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres en 89 avant d’être décoré par la Grande Croix du mérite en Allemagne.

Si vous lisez scrupuleusement les conditions d’utilisation de Facebook, alors vous apprendrez que la plateforme autorise le nu en tant que création artistique.

Ce n’est pas surprenant puisque la firme américaine s’est souvent fait taper sur les doigts par le passé, et notamment lorsqu’elle avait supprimé le tableau de Gustave Courbet, L’Origine du Monde.

Sur les seconds profils, les équipes de “L’oeil du 20 Heures” ont publié des contenus interdits et violents comme des photos d’exécutions ou même des vidéos de propagande de l’Etat Islamiste.

Pas de problème pour la propagande de Daech en revanche

Dans le lot, il y avait notamment la photo d’un homme brûlé vif et une vidéo mettant en scène une exécution collective. Si ça vous rappelle quelque chose, c’est complètement normal.

Là encore, les conditions fixées par le service sont très claires et ces contenus sont totalement interdits.

Ensuite, elles ont signalé tous ces contenus à Facebook. Les modérateurs de la plateforme ont supprimé les photos d’Helmut Newton en moins de 24 heures mais ils ont laissé en ligne les contenus faisant l’apologie du terrorisme.

Le meilleur reste à venir car ils ont en plus répondu avec un magnifique : “Nous avons examiné la publication que vous avez signalée comme contenant de la violence explicite et nous avons déterminé qu’elle n’allait pas à l’encontre de nos Standards de la Communauté”.

Pas mal, mais ce n’est pas fini car les profils appartenant au second groupe se sont aussi vus proposer des dizaines d’amis différents, des amis relayant tous… la propagande de l’Etat Islamiste.

La morale de l’histoire ? Sur Facebook, vous pouvez inciter les gens à la haine mais vous n’avez pas le droit de montrer le moindre mamelon.


L’Œil du 20 heures – Nudité, contenus violents : les ratés de la modération de Facebook

5 réflexions au sujet de “Sur Facebook, il vaut mieux publier des photos violentes que des nus artistiques”

  1. Le côté spirale d’enfermement du net commence à être bien connu et même en essayant de refuser le pistage il est difficile d’y échapper, ne serait-ce que part le phénomène normal qui consiste partir de ce que l’on connait.

    Pour Facebook qui supprime les tétons et pas les décapitations je serai curieux de connaitre les réelles consignes internes. Je me demande si cela tient surtout des modérateurs qui agissent au cas par cas ou réellement d’une politique écrite/orale.

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  2. Cela pose une question bien plus généraliste qui est l’expansion de cette idéologie américaine très (voire trop) puritaine qui par contre, sous le prétexte de la liberté d’expression et autres faux-semblants, se refuse à admettre la violence et la propagande dangereuse.

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