TEST du Alienware 15 R4 : de l’inutilité d’un Core i9 sur les Laptops Gamer

Avec ses 3,49 kilos sur la balance, son Core i9-8950HK, et ses néons dans tous les coins, l’Alienware 15 R4 démontre d’entrée de jeu qu’il n’arrive pas sur le marché pour enfiler des perles, du moins dans ses déclinaisons les plus haut de gamme. L’appareil est un monstre, un monstre de puissance, de conception, mais aussi un monstre à la pesée… et se présente plus accessoirement comme l’un des fers de lance d’Alienware, la filiale gaming de l’américain Dell, pour cette fin d’année 2018.

Alors pour en mettre plein les yeux, la marque n’a lésiné sur rien, quitte à faire littéralement exploser la facture. Pour se payer les services du modèle que Dell a eu la délicatesse de nous faire parvenir en prêt, il faut consentir à saigner à blanc son PEL pour lâcher la coquette somme de 2649 euros. De quoi en faire déglutir plus d’un et donner des sueurs froides à n’importe quel banquier raisonnable.

Mais si l’on peut pour ce prix tabler sur ce qui se fait de mieux en matière de processeur pour laptop (l’Intel Core i9 précédemment cité), agrémenté d’une GeForce GTX 1070 déjà plus modeste et d’un combo SSD / HDD salvateur, peut-on – justement – compter en tout temps sur les performances de la rutilante (ou devrait-on dire fluorescente) machine d’Alienware pour amortir ce douloureux investissement ? Telle est la question qui nous trotte dans la tête depuis que nous avons pu poser nos yeux fatigués sur l’appareil. La réponse, sûrement paradoxale au regard de la configuration évoquée, a au moins le mérite de tenir en trois lettres : non.

Fiche technique

L’Alienware 15 R4 est une machine que Dell a le bon goût de décliner en moult versions. En prenant son temps, il est d’ailleurs possible de configurer pratiquement point par point les composants que l’on veut pour animer sa machine. Les configurations varient donc du simple au double tant en termes de composants que de tarifs.

Voici le détail de ce que nous avions en prêt. Cet appareil était très exactement facturé au tarif indicatif de 2649,42 euros (Alienware n’aime visiblement pas beaucoup les comptes ronds) :

  • Écran 15,6 pouces IPS Full HD (1920 par 1080 pixels) 60Hz avec G-Sync
  • Processeur Intel Core i9-8950HK (6 Cores / 12 Threads avec des fréquences comprises entre 2,90 GHz de base et 4,80 GHz en boost)
  • Carte graphique Nvidia GeForce GTX 1070, overclockée d’usine (des GeForce GTX 1080 sont disponibles sur les modèles plus haut de gamme, proposés cette fois à partir de 2800 euros)
  • 16 Go de mémoire vive en DDR4 2400 MHz (32 Go de RAM en option)
  • SSD de 256 Go en M.2 et HDD de 1 To (7200 tr/min) au format SATA
  • Windows 10 Famille (version Pro en option)

À noter qu’il est tout à fait possible de se tourner vers une configuration plus modeste axée notamment sur un Core i5-8300H ou i7-8750H, une GTX 1060 6 Go et 8 Go de DDR4.

Les prix oscillent alors entre 1500 et 1900 euros. Sur notre modèle de test, des options intéressantes étaient en outre disponibles en termes d’écran.

Il était par exemple possible de partir plutôt sur une dalle IPS 4K G-Sync. Pas de dalles 144 Hz en vue par contre.

Prise en main & Design

L’Alienware 15 R4 ne saurait renier ses origines. L’appareil reprend à l’identique les lignes de son grand frère le 15 R3 livré par Dell l’année dernière, à tel point qu’on est presque embarrassés de ne pas être en mesure de relever une quelconque différence entre les deux terminaux en termes de silhouette. On retrouve en effet le design taillé à coups de serpe de cette gamme de produits, agrémenté de moult LEDs RGB.

Comme sur le modèle de l’an dernier, le trackpad est entièrement illuminé, le clavier profite d’un rétroéclairage configurable et les côtés du châssis sont soulignés par de fines barres LEDs qu’il est également possible de configurer depuis un utilitaire installé par défaut sur le PC.

L’Alienware 15 R4, comme ses prédécesseurs, jouit d’une certaine prestance.

Si vous aimez les néons, vous serez donc plus que servis, mais de notre côté on regrette un peu que Dell cède si facilement à l’appel facile du look gamer archétypal. Dans la nuit, le 15 R4 ressemble à un vrai sapin de Noël, et c’est un peu dommage. La parcimonie aurait permis au terminal de gagner un peu en maturité sur le plan visuel… et peut-être de le rendre plus attrayant pour les amateurs de machines puissantes, mais sobres.

Ceci étant dit, la nouvelle coqueluche d’Alienware profite d’une qualité d’assemblage et de finition assez remarquable. Rien à redire de ce côté, à l’exception peut-être du revêtement peau de pêche choisi pour les repose-poignets et les environs du clavier. Ce dernier est incroyablement salissant et garde toutes les traces de doigts. Il est par ailleurs difficile de nettoyer cette surface, qui sera du coup condamnée à ne jamais être impeccable.

Cette excroissance assez disgracieuse se fait – heureusement – vite oublier…

À l’arrière de l’appareil se trouve une excroissance très identifiable. Il s’agit d’une partie du système de dissipation et du circuit d’alimentation qui ressort de quelques centimètres, elle accueille une part de la connectique généreuse du 15 R4. On retrouve ici un port Ethernet, une sortie Mini DisplayPort 1.2, une sortie HDMI 2.0, un port USB Type-C Thunderbolt, un port pour amplificateur graphique Alienware. Sur les côtés de l’appareil sont accessibles 2 ports USB 3.0 pleine taille, une sortie micro, une sortie casque (dissociées) et un port USB-C supplémentaire. De quoi faire, donc, d’autant plus que l’Alienware 15 R4 reste une machine plutôt compacte.

Côté prise en main pure, les choses se gâtent en revanche un petit peu, notamment pour ce qui est du duo clavier / trackpad. En effet, le trackpad est ridiculement petit, manque souvent de précision, et n’est pas cliquable, mais ce n’est pas la plus gênant. L’Alienware 15 R4 propose comme son prédécesseur un superbe clavier… et un non moins superbe gâchis.

La frappe y est parfaite : moelleuse, précise, agréable tant en jeu que pour de la bureautique, mais le constructeur gâche tout – selon nous – en intégrant une bande de touches macros.

Les macros sont bien pratiques, mais mal situées. Ici, ils forcent le clavier à se décaler vers la droite… Pas facile de s’y faire pour taper du texte.
Petit, mal placé et trop imprécis, ce trackpad sera vite oublié.

Une très bonne idée dans le cas d’un appareil pensé avant tout pour les joueurs, mais qui nous rend la tâche pénible lorsqu’il s’agit de taper du texte. La présence de cette bande de touches accolée immédiatement à gauche du clavier décale ce dernier vers la droite et rend la frappe lourdingue. On tape sur Tab au lieu de trouver instinctivement le A, on peine à trouver la touche Maj à l’aveugle… En une semaine, nous n’avons pas réussi à nous habituer à la chose. On espère être les seuls, mais l’on a des doutes.

Dans autre domaine, notons que l’Alienware 15 R4 n’est pas de ces PC portables que l’on trimbale partout avec soi. Le bougre est lourd (nous l’avons déjà dit), et se voit en plus attribuer un (gros) bloc d’alimentation qui porte finalement très bien son nom.

Écran & Performances

En matière d’écran, Alienware fait dans le correct sur la cuvée 2018 de ce modèle. La dalle IPS choisie par la marque s’avère relativement bien calibrée, mais pêche un peu sur le contraste, ce qui donne à l’ensemble un aspect assez terne. La luminosité est suffisante dans la plupart des cas et se couple ici à un revêtement mat qui permet d’éviter les reflets.

Dans l’ensemble, l’affichage du 15 R4 est donc tout à fait convenable à défaut d’être renversant. Notons enfin que la dalle n’est pas tactile, ce qui n’a rien de surprenant, ou de problématique, sur un appareil dédié au jeu.

Côté performances, le terminal est taillé pour animer les logiciels et jeux les plus gourmands sans broncher. Du moins sur le papier. Par manque de temps, nous n’avons pu installer et lancer que deux jeux sur l’appareil : l’indémodable GTA V et le récent Assassin’s Creed Odyssey.

Bien évidemment, compte tenu des specs de l’appareil (la GTX 1070 intégrée ici est par exemple légèrement overclockée, pour un petit gain de performances en jeu) et de son écran limité à une définition 1080p, nous n’avons pas hésité à pousser tous les potards à fond… pour un résultat contrasté.

Sur l’open-world de Rockstar, pas le moindre problème. Malgré des réglages positionnés systématiquement au plus haut niveau possible, le jeu était propulsé à un framerate de 60 fps parfaitement constant, quel que soit le contexte. Logique, le jeu n’est plus forcément tout jeune et s’avérait relativement bien optimisé dès son lancement sur PC en 2015. Malheureusement, notre valeureux 15 R4 a – dans notre cas – trébuché assez franchement en tentant d’animer le dernier titre d’Ubisoft en Ultra.

Nettement plus gourmand, le soft faisait du yoyo côté rafraîchissement en oscillant entre 55-60 fps et 25-30 fps sans raison apparente. Baisser la qualité des réglages (initialement poussés à leur maximum) nous a permis de grappiller quelques images à la seconde, mais certainement pas de corriger entièrement l’instabilité de framerate constatée à l’origine. Lors de scènes remuantes (batailles navales notamment), l’ensemble confinait par conséquent à l’injouable.

On a vu mieux sur une machine gaming commercialisée à un tarif dépassant de très loin le seuil symbolique des 2000 euros.

Après avoir fait un tour sur GeForce Experience pour nous assurer que les derniers drivers Nvidia étaient correctement installés (c’était bien le cas), nous avons commencé à nous poser des questions sur le rôle que l’énorme Core i9 intégré au PC pouvait jouer dans nos difficultés à animer Assassin’s Creed Odyssey correctement. Et, d’après nos quelques investigations, il semblerait qu’il soit bel et bien fautif.

Après une bonne heure de stress test sous AIDA 64, le CPU d’Intel affichait en effet un problème persistant de thermal throttling… et des températures franchement élevées. De retour sous Assassin’s Creed Odyssey, outils en mains, nous avons constaté que le framerate devenait instable dès lors que la température du processeur franchissait le cap des 90-95 degrés.

Un cap que notre i9- 8950HK passe malheureusement très souvent lorsqu’il est sollicité.

Cela nous amène à nous interroger sur l’efficacité du système de dissipation prévu par Alienware pour le 15 R4. Plutôt silencieux, ce dernier avait toute notre sympathie de prime abord, mais notre mésaventure sur le dernier Assassin’s Creed aurait de quoi en refroidir plus d’un (mauvais jeu de mots, on vous le concède).

En l’état nous en sommes donc réduits à un constat mitigé sur le volet des performances de l’appareil – du moins dans cette configuration. Cela nous pousse d’ailleurs à nous interroger quant à la pertinence d’installer un CPU aussi performant (et gourmand question TDP) sur un laptop gamer qui pourrait très bien se contenter d’un i5 ou i7 de huitième génération pour du jeu en 1080p. On a d’ailleurs l’impression que le système de dissipation d’Alienware est plutôt prévu pour ces puces. S’il fallait choisir une déclinaison du 15 R4, notre malheureuse expérience sur le modèle doté d’un Core i9 nous pousserait à privilégier des processeurs (un peu) moins véloces, mais plus économes en énergie, et dont la puissance serait sûrement mieux exploitée.

Reste que pour du montage vidéo, notamment, l’apport d’un i9 même mal refroidi, peut éventuellement s’avérer pertinent. Tout dépend encore une fois des attentes et besoins de l’utilisateur vis-à-vis du terminal.

Autonomie & Son

Tout cela nous amène à évoquer l’épineuse question de l’autonomie sur ce Alienware 15 R4. De ce côté, pas de miracle, PC Gaming oblige nous avons affaire à une machine qui ne permettra pas de s’éloigner d’une prise secteur très longtemps. Dans le cadre d’un usage normal mêlant bureautique, surf sur le net et lecture vidéo, notre 15 R4 parvenait à tenir entre 4h30 et 5h30 en fonction du niveau de luminosité et de rétroéclairage clavier choisi.

C’est peu, mais cela n’a rien de particulièrement étonnant sur un PC de ce type.

Bien évidemment, en jeu, le constat n’est pas le même. On passe plutôt sur une à deux heures d’autonomie en fonction des titres, et ce avec des performances bridées à la clé. Si l’on ne peut, en 2018, que ce soumettre à cette autonomie tristoune, on regrette par contre – comme évoqué en début de test – qu’Alienware n’ait pas fait petit un effort sur la taille du chargeur. Très volumineux, il risque de dissuader bien des utilisateurs d’emmener la bécane (elle-même pondéreuse) lors de déplacements.

Côté son, enfin, le PC fait ni mieux ni moins bien que la majorité des machines actuellement sur le marché. Comprenez que la prise casque fait de l’excellent boulot, avec un son puissant et bien équilibré, et que les enceintes sont médiocres. Ces dernières sont pourtant bien positionnées, mais leur manque de volume, l’absence totale de relief sur le plan sonore et l’inexistence des basses les rend quasiment impraticables. Pour écouter des vidéos on s’en contentera, mais il ne faudra par leur demander beaucoup plus.

Cette photo ne rend pas hommage aux dimensions (et au poids) de cet énorme bloc d’alimentation.

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