Le 15 mars dernier, le Dr Yvonne Bryson, directeur du Los Angeles-Brazil AIDS Consortium de l’Université de Californie, a évoqué lors d’une conférence de presse la possibilité de guérison d’une femme atteinte du VIH. Cette patiente avait reçu une greffe de cellules souches pour traiter la maladie en 2017.
Selon les chercheurs derrière l’étude concernant le cas de la femme surnommée « la patiente de New York », celle-ci serait exempte du virus plus de cinq ans après la greffe. D’autre part, elle aurait également cessé de prendre ses médicaments contre le VIH depuis 30 mois environ.
Les premières données sur la patiente de New York ont été publiées en février 2022, et de nouvelles informations sont sorties dans la revue Cell le jeudi 16 mars dernier.
S’agirait-il d’un cas de guérison ?
Bryson a déclaré lors de l’interview qu’ils appelaient le cas de la patiente une « guérison possible » plutôt qu’une « guérison définitive » car il faut une plus longue période de suivi avant de pouvoir se prononcer.
D’après le Dr Deborah Persaud, directeur par intérim des maladies infectieuses pédiatriques au Johns Hopkins University School of Medicine, et qui a supervisé l’étude, jusqu’à présent, très peu de personnes ont été guéries du VIH à travers le monde. Il n’y aurait ainsi pas de distinction officielle entre être guéri et être en rémission à long terme. « Je pense que nous hésitons à dire à ce stade si elle est guérie », a-t-elle déclaré.
Notons que la greffe de cellules souches chez la patiente de New York a été faite en août 2017. Elle a arrêté de suivre sa thérapie antirétrovirale (TAR) trois ans plus tard, et depuis deux ans et demi maintenant, elle ne prend plus de médicaments contre le VIH. « Pour le moment, elle va toujours très bien, elle profite de sa vie », a indiqué le Dr Jingmei Hsu, directeur du Cellular Therapy Laboratory de NYU Langone Health et l’un des chefs d’équipe de la transplantation.
Auparavant, des personnes atteintes du VIH avaient déjà été définitivement guéries de la maladie. Il y a eu les cas des patients traités à Londres, Berlin et Düsseldorf. Il y a aussi eu le cas du patient traité à Los Angeles qui est en rémission à long terme. Tous ces patients ont reçu des greffes de cellules souches prélevées au niveau de la moelle épinière comme double-traitement du VIH et du cancer.
L’utilisation de cellules souches provenant du cordon ombilical
Les cellules souches de moelle osseuse utilisées lors de toutes ces greffes proviennent de donneurs adultes portant deux copies d’une mutation génétique rare dénommée CCR5 delta 32. Cette mutation peut empêcher la pénétration du VIH dans les globules blancs en modifiant la « porte » qui lui permet d’entrer. Quand les cellules souches sont transplantées, elles prennent le contrôle du système immunitaire. Les cellules vulnérables au VIH vont ainsi être remplacées par de nouvelles cellules résistantes au virus. Les médecins utilisent la radiothérapie ou la chimiothérapie pour éliminer les cellules immunitaires d’origine et ouvrir la voie aux nouvelles cellules.
Comme les autres patients, la patiente de New York avait aussi un cancer et le VIH. Ainsi, avant la greffe, elle a subi une chimiothérapie. Cependant, les cellules souches qu’elle a reçues ont été prélevées à partir du sang d’un cordon ombilical contenant les gènes de résistance au VIH. De plus, elle a reçu des cellules souches provenant d’un membre de sa famille pour compléter celles issues du cordon ombilical qui étaient insuffisantes en nombre.
Bryson a indiqué que le sang ombilical est plus facile d’accès que la moelle épinière. De ce fait, ce type de procédure pourrait devenir plus courant à l’avenir. La transplantation de cellules souches ne conviendrait toutefois qu’aux patients séropositifs avec une deuxième maladie grave comme le cancer puisqu’elle implique la destruction du système immunitaire d’origine.
SOURCE: Livescience