Au Kenya, Meta est poursuivie pour exploitation et démantèlement syndical

TechCrunch a indiqué ce jour qu’une plainte a été déposée au Kenya contre Meta et Sama. Ce dernier est le principal sous-traitant du géant américain en ce qui concerne la modération de contenu en Afrique. Le plaignant est M. Daniel Motaung, un ancien modérateur de contenu et lanceur d’alerte de Facebook.

Meta
©rafapress/123RF.COM

Selon le cabinet Nzuli and Nsumbi qui défend ses droits, le plaideur estime avoir été licencié pour avoir organisé une grève en 2019 et essayé de syndiquer les employés du sous-traitant pour la défense de leurs droits. L’acte d’accusation est d’autant plus grave que M. Daniel Motaung y déclare que Sama aurait soumis ses modérateurs de contenus au travail forcé et à la traite des êtres humains.

Un environnement de travail très toxique chez Sama

Le sous-traitant de Meta est une entreprise spécialisée dans la modération de contenus sur les différents réseaux sociaux. Pour cela, il emploie un certain nombre de personnes qui vérifient régulièrement les publications des utilisateurs de plusieurs plateformes sociales. Ce qui leur permet d’éliminer les publications jugées haineuses ou violentes ainsi que celles qui propagent de fausses informations.

Visiblement, Facebook est la seule plateforme sociale qui s’est attiré la foudre du plaignant. Ses avocats ont indiqué que la productivité des employés de Sama est suivie rigoureusement par un logiciel de Meta. Ce dernier est capable de mesurer le temps effectif passé à l’écran ainsi que les déplacements effectués par les employés durant les heures de travail.

Des conditions draconiennes auxquelles vient s’ajouter un environnement de travail malsain. Selon les avocats, les travailleurs de Sama ne bénéficient pas d’un suivi adéquat en ce qui concerne leur santé mentale. Ceci alors qu’ils sont confrontés à toutes sortes de contenus en longueur de journée.

Les avocats ont également indiqué que Sama empêchait les modérateurs de partager leurs expériences avec leurs collègues. Une sorte d’omerta qui selon le cabinet d’avocats a été mise en place sciemment par Sama afin d’éviter que ses travailleurs ne se plaignent de leurs conditions.

Pour Mercy Mutemi, l’avocat principal du cabinet dans le dossier, les modérateurs de Sama luttent chaque jour pour rendre Facebook plus sûr alors qu’ils évoluent eux-mêmes dans « des conditions dangereuses ».

Une campagne de recrutement mensongère évoquée également dans l’acte d’accusation

La plainte de M. Daniel Motaung s’attaque principalement au bureau de Sama qui trouve à Nairobi, la capitale du Kenya. Cet ancien travailleur du centre de modération qui est originaire d’Afrique du Sud a aussi indiqué que l’entreprise kényane a lancé des recrutements pour des postes vacants sans jamais communiquer aux postulants la nature réelle du travail à faire.

Selon le cabinet d’avocats, il s’agit tout simplement d’un « processus de recrutement trompeur ». L’intéressé veut essentiellement deux choses. Il veut dans un premier temps qu’une compensation financière soit accordée aux anciens modérateurs ainsi qu’aux nouveaux modérateurs de Sama. Dans un second temps, il souhaite qu’un soutien en matière de santé soit procuré aux travailleurs de la boite kényane.

Il faut rappeler que cette action en justice fait suite à un article du Time Magazine. Celui-ci était revenu en détail sur la manière dont Sama avait recruté ses modérateurs en leur faisant croire qu’ils allaient travailler dans des centres d’appels. Dans son article, le Time avait également souligné que le salaire des modérateurs de contenu en Afrique était le plus bas dans le monde.

Depuis la parution de l’article, Sama a fait une augmentation de salaire à ses travailleurs. Cependant, l’entreprise a nié en bloc les autres accusations qui lui pendent au nez.

Source : TechCrunch

 

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