Aum Shinrikyo, la secte qui voulait provoquer l’apocalypse

Aum Shinrikyo, également connu sous le nom de Aum, ou Aleph, est une secte japonaise qui combine des principes du bouddhisme, de l’hindouisme et qui est obsédée par l’apocalypse. La secte a fait parler d’elle dans le monde entier en 1995 lorsque des membres ont lancé une attaque chimique contre le métro de Tokyo. Un agent neurotoxique, le sarin, a été libéré dans des wagons de train, tuant douze personnes et provoquant l’hospitalisation d’environ six mille personnes, selon les rapports.

Aum Shinrikyo est répertorié comme organisation terroriste à cause de l’attaque de 1995 et de ses tentatives précédentes de mener des attaques biologiques et chimiques.

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Les USA utilisent encore de vieilles disquettes pour leur arsenal nucléaire.

Le groupe s’est scindé en deux factions en 2007 en raison de frictions internes suite à des tentatives de modération des croyances religieuses de la secte et d’amélioration de son image publique.

La doctrine de l’Aum Shinrikyo

Au centre de la croyance du groupe est la révérence à Shoko Asahara, le fondateur d’Aum, qui dit qu’il est le premier “illuminé” depuis Bouddha. Asahara a prêché que la fin du monde était proche et que les disciples d’Aum seraient les seuls à survivre à l’apocalypse, qui selon lui devait se produire en 1996 ou entre 1999 et 2003. Asahara a prétendu que les États-Unis hâteraient l’Armageddon en commençant La Troisième Guerre mondiale avec le Japon.

Aum a accumulé une grande richesse via des entreprises électroniques et des restaurants, en plus d’exiger que les membres signent leurs successions au profit de la secte. Aum a également recruté de jeunes étudiants brillants et diplômés, souvent issus de familles d’élite, qui cherchaient une existence plus significative, selon un article du New York Times. Au moment de l’attaque du métro de 1995, le groupe prétendait avoir environ 4000 membres dans le monde, avec des bureaux aux États-Unis, en Russie et au Japon, selon le département d’État américain.

La secte a été dirigée par deux hommes charismatiques, mais a souffert d’une scission qui a semblé l’affaiblir en 2003. Depuis lors, on ignore si la secte suit une direction commune quelconque. Voici un aperçu des deux hommes qui ont dirigé le groupe pendant les années 1990 jusqu’au début de ce siècle.

Les deux leaders d’Aum Shinrikyo

Shoko Asahara, fondateur et leader spirituel d’Aum, est en attente d’exécution pour son rôle dans la planification de l’attaque de 1995. Né Chizuo Matsumoto dans le sud du Japon, en 1955, il a fréquenté une école pour aveugles en raison de sa malvoyance sévère. Après avoir échoué à obtenir l’admission à l’université, Asahara a étudié la médecine chinoise et a épousé une diplômée de l’université, qui deviendra plus tard une haute dirigeante d’Aum. Asahara s’est rendu dans l’Himalaya en 1987 pour étudier les enseignements bouddhistes et hindous, où il a rencontré plusieurs chefs religieux importants, y compris le Dalaï Lama, et a étudié le yoga. Asahara, qui s’est efforcé de “prendre le contrôle du Japon et du monde”, selon le Département d’Etat Américain, a été arrêté en mai 1995 pour son rôle dans l’attaque de métro. Son procès a duré huit ans, de 1996 à 2004, lorsqu’il a été condamné à mort. Les possibilités d’appel d’Asahara ont été épuisées en 2006.

Fumihiro Joyu, un ancien ingénieur qui dirigeait l’opération d’Aum à Moscou, a succédé à Asahara. En tant que dirigeant d’Aum, il voulait éloigner la secte de son histoire violente et de ses racines spirituelles pour convaincre les Japonais qu’elle n’était plus une menace pour la société. Mais malgré les efforts pour redorer l’image de la secte, y compris le changement de nom devenu « Aleph », les autorités japonaises n’ont pas accepté la reconnaissance d’Aum. Joyu a démissionné de son poste de chef en 2003 à cause des frictions internes pour savoir si la secte continuerait à adorer Asahara. Il a ainsi créé officiellement une branche d’Aum Shinrikyo, baptisée Hikari no Wa, en 2007. On ignore qui a remplacé Joyu en 2007 en tant que leader d’Aum.

L’attaque au gaz sarin de 1995

Pendant l’heure de pointe du matin dans l’un des systèmes de métros les plus fréquentés du monde, les membres d’Aum ont propagé une forme liquide du sarin, contenue dans des boîtes à lunch et des bouteilles de boissons. Le liquide a été propagé dans cinq wagons de trois lignes de métro séparées qui convergeaient à la station Kasumigaseki, où se trouvent plusieurs ministères du gouvernement. Les auteurs ont perforé les boîtes avec des parapluies et ont laissé le liquide se déverser. Des témoins ont rapporté que les entrées du métro ressemblaient à des champs de bataille alors que les victimes du liquide toxique gisaient sur le sol avec du sang qui jaillissait de leur nez ou de leur bouche.

Douze membres d’Aum, dont le fondateur d’Aum, Shoko Asahara, ont été condamnés à mort pour l’attaque de métro. La plus longue chasse à l’homme du Japon a finalement pris fin le 15 juin 2012 avec l’arrestation de Katsuya Takahashi, l’ancien garde du corps d’Asahara. Il a été retrouvé à la suite de l’arrestation de deux autres fugitifs associés à l’attaque, ce qui a officiellement mis fin à l’affaire.

L’attaque de 1995 a été l’attaque terroriste la plus grave de l’histoire moderne du Japon, provoquant des troubles massifs et une peur généralisée dans une société quasi exempte de crime. Mais l’attaque a également montré au monde à quel point il est facile pour un petit groupe de personnes ayant des moyens limités de s’engager dans une guerre chimique.

Des attaques supplémentaires reportées

Cinq ans avant l’attaque du métro de mars 1995, la secte a tenté d’effectuer au moins neuf agressions biologiques – toutes ayant échoué – selon une enquête du New York Times de 1998. À l’origine, Aum avait l’intention de massacrer les citoyens en pulvérisant de la botuline, le poison naturel le plus mortel pour les humains, à partir de bâtiments et de fourgonnettes de livraison modifiées. L’équipe de jeunes scientifiques d’Aum a cultivé et expérimenté des toxines biologiques, notamment la botuline, l’anthrax, le choléra et la fièvre Q.

La transition vers les armes chimiques est survenue après l’échec des attaques biologiques. Les enquêtes et les raids après l’attaque du métro ont révélé qu’Aum était capable de produire des milliers de kilogrammes de sarin par an, selon le Center for Disease Control (CDC). La secte avait également acquis un hélicoptère militaire russe qui aurait pu être utilisé pour répandre le gaz, a indiqué la police.

Les premières tentatives n’ont pas réussi à créer le chaos mortel qu’Aum voulait, bien qu’un incident en juin 1993 (où des spores d’Anthrax ont été répandues depuis un bâtiment de Tokyo) ait causé une odeur nauséabonde et la mort de certains oiseaux, plantes et animaux domestiques. Selon le CDC, Aum a également envoyé une équipe  au Zaïre pour étudier et collecter des échantillons du virus Ebola en 1993.

Après l’attaque du métro, le Département d’Etat a déclaré que les autorités japonaises avaient mené de nouvelles enquêtes et découvert qu’Aum était responsable d’une attaque mystérieuse – qui s’est avérée plus tard être au sarin – dans un quartier résidentiel en 1994. Attaque qui avait tué sept personnes et blessé plus d’une centaine de personnes. Les autorités russes ont par ailleurs arrêté plusieurs partisans d’Aum en 2001 pour avoir planifié de bombarder le palais impérial au Japon dans le cadre d’une tentative élaborée de libération de leur leader Asahara.

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