Behrouz Boochani, le réfugié qui a écrit un livre sur WhatsApp

En Australie, le gouvernement applique une politique très stricte envers les réfugiés et les demandeurs d’asile.

Behrouz Boochani en sait quelque chose. Le journaliste kurde iranien a été arrêté et placé en centre de détention depuis déjà plusieurs années. Pour passer le temps, le réfugié a décidé d’écrire un livre depuis sa cellule sur l’application WhatsApp.

Intitulé « No Friend but the Mountain » (Pas d’ami, mais la montagne), le fameux livre a connu un processus d’écriture très particulier. Boochani le rédigeait par SMS sur WhatsApp. Il envoyait ensuite les messages à Omid Tofighian, un ami traducteur qui se chargeait de les rassembler et d’en faire un bouquin.

« WhatsApp est comme mon bureau. » raconte le journaliste lors d’un entretien avec la BBC. « Je n’ai pas écrit sur papier, car à ce moment-là, chaque semaine ou chaque mois, les gardes venaient dans notre chambre et perquisitionnaient dans notre propriété. J’avais peur de perdre mon écriture. Il était donc préférable que je l’écrive et que je l’envoie juste après. »

Le livre remporte plusieurs prix

Contre toute attente, l’œuvre de Boochani a gagné l’illustre prix victorien de littérature 2019 avec 100 000 dollars australiens, soit 63 000 euros de récompense à la clé. Ce prix compte parmi les prix littéraires les plus importants en matière de récompense financière.

Ce n’est pas tout, car « No Friend but the Mountain » a également été sacré meilleur livre non-fiction aux Prix littéraires du Premier ministre de Victoria. Cette fois-ci, la récompense s’est élevée à 25 000 dollars australiens, soit 15 000 euros.

De quoi parle le bouquin ?

Behrouz Boochani a été arrêté par les autorités australiennes en 2013 alors qu’il tentait d’entrer sur le territoire. Pendant près de cinq ans, il a été détenu dans un centre sur l’île Manus jusqu’à la fermeture de ce dernier en 2017. Depuis, lui et d’autres centaines de réfugiés ont été transférés dans des logements plus confortables, mais toujours sans possibilité d’entrer sur le territoire australien.

Dans son livre, Boochani a décidé de dénoncer le système en partageant son quotidien et celui des autres réfugiés comme lui. Il y parle notamment des tentatives « systématique de dépouiller les réfugiés et les demandeurs d’asile de leur identité, humanité et individualité. »

Il reste à savoir ce que l’Australie compte faire. La politique appliquée par le pays envers les réfugiés a déjà fait l’objet de nombreuses critiques de la part de l’ONU, des défenseurs des droits de l’Homme mais aussi de la part de la presse mondiale.

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