Bientôt un vaccin contre le SIDA ?

A l’heure actuelle, environ 38 millions de personnes sont infectées par le VIH dans le monde. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 1,7 million de nouvelles infections ont été enregistrées en 2019 et 690 000 décès liés au VIH ont été rapportés. Bien que les scientifiques aient travaillé depuis plusieurs décennies sur des remèdes éventuels pour lutter contre le virus, aucun vaccin adéquat n’a encore été développé jusqu’ici.

Suite au succès d’un essai clinique de phase 1, une nouvelle approche de la vaccination pourrait toutefois s’avérer efficace contre le VIH. Selon les explications, une série d’injections permettrait d’activer le développement de cellules immunitaires rares appelées cellules B circulantes qui, à leur tour, fabriqueront des anticorps du nom de bnAbs capables de neutraliser le VIH.

Crédits Pixabay

Les scientifiques derrière cette étude pensent que la même approche pourrait être utilisée pour développer des vaccins contre d’autres agents pathogènes responsables de maladies telles que le paludisme, la grippe, la dengue, l’hépatite C ou encore Zika.

Un virus à structure complexe

La principale raison pour laquelle les chercheurs ont eu du mal à développer un vaccin contre le VIH est la présence massive de molécules de sucre à la surface de celui-ci, empêchant le déclenchement des réponses immunitaires. De plus, bien qu’il existe des parties exposées, elles sont très variables.

Comme c’est le cas du SARS-CoV-2, le VIH dispose également de protéines de spicule au niveau de sa surface externe pour pouvoir entrer dans les cellules hôtes. D’après William Schief, directeur exécutif de l’international AIDS Vaccine Initiative (IAVI) et professeur et immunologiste au Scripps Research Institute à La Jolla, Californie, la protéine de spicule du VIH serait beaucoup plus « sournoise ». En effet, grâce à la mutation rapide des gènes qui forment le spicule, le VIH possède actuellement une cinquantaine de millions de souches à travers le monde. Il est ainsi peu probable pour des anticorps ciblant une souche particulière d’être également efficaces contre les autres souches. 

Au niveau des spicules du VIH, il existe cependant des parties difficiles d’accès qui ne changent pas beaucoup et où des anticorps neutralisants appelés bnAbs peuvent se lier. Ces anticorps peuvent être fabriqués naturellement par des personnes infectées par le VIH, mais c’est très rare. Toutefois, cette production naturelle peut donner aux chercheurs la possibilité d’identifier la zone où les anticorps peuvent se lier au virus et ainsi de développer des « immunogènes » qui seront intégrés dans les vaccins.

Des résultats prometteurs

D’après les explications, toutes les cellules immunitaires ne peuvent pas fabriquer d’anticorps bnAbs. Une seule cellule appelée « cellule B circulante » est la seule capable d’en fabriquer. Cette cellule est elle-même issue du développement d’un type rare de cellule immunitaire immature dénommée « cellule B naïve ». Selon Schief, seulement une cellule B naïve sur un million aurait ce potentiel.

Les recherches de Schief et de son équipe consistaient alors à développer un vaccin qui pourra activer les cellules B naïves en utilisant une technique appelée « ciblage de la lignée germinale ».

Lors de l’étude, 48 volontaires adultes en bonne santé ont été recrutés par des scientifiques du George Washington University à Washington, DC, et du Fred Hutchinson Cancer Research Center à Seattle, WA. Les participants ont reçu soit deux doses du vaccin soit deux doses de placebo. D’après le rapport, les cellules B naïves ont été activées chez 97 % des personnes ayant reçu le vaccin.

Une série d’injections devra ensuite être effectuée afin de créer une immunité efficace contre le virus. Ainsi, la première injection aura pour rôle de réveiller les cellules B naïves tandis que les injections suivantes entraîneront les cellules B circulantes résultantes à produire des bnAbs.

Pour le moment, les résultats de l’étude n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique. D’autre part, étant donné que l’essai impliquait peu de participants, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour développer et tester les prochaines étapes. En tout cas, il s’agit déjà d’un grand pas vers le développement d’un vaccin contre le VIH.

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