Bienvenue à Ponte City, la plus haute tour résidentielle d’Afrique

Érigée en 1975, la tour Ponte City est un gratte-ciel situé au milieu des quartiers de Hillbrow et d’Yoeville, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Le bâtiment de cinquante-quatre étages, mesurant cent soixante-treize mètres, est la plus haute tour d’habitation d’Afrique. Il est en forme de cylindre.

À l’intérieur se trouve un creux qui permet à la lumière d’éclairer les appartements.

Ponte City

De 2008 à 2013, le photographe Mikhael Subotzky et l’écrivain Patrick Waterhouse ont arpenté tous les étages de l’immeuble. Ils ont fait la rencontre de ses derniers habitants. Ils ont réussi à collectionner une série d’images et de récits qui a été exposée au Bal à Paris. Leur travail témoigne des fantasmes, entre utopie et malédiction, qui entourent cette « icône » de la ville.

L’ancien cabaret, rebaptisé “Le Bal”, est devenu un lieu d’exposition et de rencontres autour des images. Des couches d’histoires successives autour de l’immeuble peuvent y être explorées à travers l’objectif de Subotzky.

Témoin de l’abolition de l’apartheid

Autrefois, cette partie de la ville n’était accessible qu’aux personnes ayant la peau blanche. La Ponte City était inaugurée pour symboliser de la prospérité économique de la ville et la réussite du régime apartheid. Elle était très prisée pour sa modernité et sa vue sur tout Johannesburg. Les locataires, exclusivement blancs, avaient une indépendance totale vis-à-vis de l’extérieur, car on pouvait y passer sa vie sans jamais en sortir. On y trouve de tout : des commerces, une piscine, des appartements confortables dont les plus luxueux sont situés au sommet.

Les seuls noirs admis à Ponte City étaient les employés. Ils étaient tolérés à condition de se faire invisibles. Ces domestiques étaient logés sur le toit, cachés des regards par de hauts murs. Le gardien de la piscine, qui y vit toujours, s’était engagé par contrat à ne jamais lever les yeux sur les femmes blanches en maillot de bain.

Cependant, les émeutes de Soweto, en 1976, ont mis fin à l’apogée de cette architecture qui marquait la domination des blancs. Jusqu’à la fin du régime, en 1991, la tour s’est peu à peu vidée de ses habitants et les lieux se dégradaient à petit feu. Le bâtiment a finalement servi de refuge aux migrants des pays africains voisins.

L’avènement de la démocratie, en 1994, a été le bouquet final qui a mis fin à « l’arrogance de l’apartheid vu du ciel ». En 2007, des promoteurs ont racheté l’immeuble pour le réhabiliter, mais la crise économique a empêché leur projet de se concrétiser. C’est à ce moment-là que Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse ont commencé leur travail.

Un chef-d’œuvre rempli d’histoires

Depuis quatre décennies, Ponte City domine le paysage. Le panneau publicitaire placé en haut de la tour est le plus grand de toute l’Afrique. Il fait actuellement la promotion d’un opérateur téléphonique sud-africain.

Les deux artistes ont tissé des relations avec les habitants en faisant des portraits. Ils ont élaboré un mélange artistique réaliste de la tour en mettant l’accent sur l’architecture de l’immeuble à la symétrie parfaite, son histoire ainsi que les rumeurs colportées autour.

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