Ca chauffe dans nos villes

Le phénomène d’exposition à la chaleur extrême dans les villes n’a cessé d’augmenter depuis le début des années 80. Au total, cette exposition a triplé au cours des 35 dernières années. D’après une nouvelle étude publiée par Cascade Tuholske, chercheur postdoctoral au CIESIN ou Center for International Earth Science Information Network du Columbia University, et son équipe, environ 1,7 milliard de personnes vivraient aujourd’hui dans des zones urbaines où cette exposition a augmenté.

Selon les scientifiques derrière cette étude, la plupart des rapports sur l’exposition à la chaleur dans les villes sont basés sur des estimations larges qui négligent des millions de résidents à risque. Ils ont ainsi décidé d’utiliser des estimations satellitaires des endroits où toutes les personnes de la planète ont vécu chaque année de 1983 à 2016. Ils ont compté le nombre de jours par année pendant lesquels les habitants de plus de 13 000 zones urbaines ont été exposés à une chaleur extrême.

La ville de Los Angeles (Californie) sous le smog
Photo de David Mark. Crédits Pixabay

D’après les résultats, l’exposition à la chaleur extrême est en train d’augmenter rapidement, et les personnes les plus à risque sont celles qui vivent dans la pauvreté et celles qui sont marginalisées.

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Les causes derrière le phénomène

Selon les informations, près des deux tiers de l’augmentation globale de l’exposition à une chaleur extrême dans les villes ont lieu dans les régions sub-sahariennes de l’Afrique et en Asie du Sud. Ceci est dû en partie au changement climatique et à ce qu’on appelle l’effet d’îlot de chaleur urbain. Les températures dans les zones urbaines sont en effet plus hautes à cause des matériaux utilisés pour construire les immeubles et les routes.

Il y a toutefois une autre raison à la hausse de la température, et c’est l’augmentation rapide du nombre d’habitants dans les zones urbaines denses. Selon les statistiques, 2 milliards de personnes dans le monde vivaient dans les villes en 1985 tandis que ce nombre est actuellement de 4,4 milliards. Même si la situation varie selon la ville considérée, l’on a pu constater que l’augmentation du nombre d’habitants a été la plus rapide dans les villes africaines où les gouvernements n’avaient pas de plans de construction d’infrastructures répondant aux besoins de la population.

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Le changement climatique aggrave la situation

Par définition, une chaleur extrême signifie au moins un jour avec une température au thermomètre à globe à boule humide supérieure à 30°C. Cette température spécifique prend en compte la température, l’humidité, le vent et les radiations pour jauger l’effet sur les humains.

Selon les experts, il existe une interaction dangereuse entre les hausses de la température et l’augmentation rapide de la population dans les pays où il fait déjà chaud. Dans son livre « Drought Flood Fire » publié par Cambridge University Presse, Chris Funk explore les projections de ces expositions à des chaleurs intenses pour les années 2030 et 2050.

On s’attend à ce que l’augmentation de la population continue, et si en même temps, la libération de gaz à effet de serre continue, il y aura une augmentation massive de l’exposition à la chaleur extrême au niveau des villes. D’ici 2050, on s’attend à une augmentation de la température globale de 1°C, et combinée à la croissance de la population, cela peut mener à une hausse de 400 % de l’exposition à la chaleur extrême. Les populations les plus affectées seront celles vivant en Asie du Sud, en Afrique, ou dans des vallées de rivières comme le Ganges, l’Indus, le Nil ou encore le Niger.

Les résultats de recherche montrent aussi que les personnes marginalisées comme les pauvres, les femmes, les enfants ou encore les personnes âgées n’auront pas assez de ressources pour rester en sécurité lors des périodes de chaleur extrême.

Ainsi, à part le réchauffement climatique en lui-même, l’augmentation de la température au niveau des villes est un danger qu’il est également nécessaire de prévenir pour éviter les conséquences graves au niveau de la population. Selon les scientifiques, les solutions possibles incluent entre autres la mise en place de systèmes d’alerte ou encore la création de centres de rafraichissement. Les gouvernements doivent aussi trouver des solutions pour réduire les risques pour les personnes marginalisées.

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