Certaines douleurs persisteraient sur plusieurs générations

Bon nombre d’adultes et d’enfants sont affectés par des troubles somatiques sans pouvoir cerner la réelle cause de leur souffrance. Récemment, des chercheurs ont justement étudié la question de la transmission de douleurs post-traumatiques entre parents et enfants. Ils ont analysé les rapports entre l’état de stress post-traumatique d’une mère victime de violences et la gravité de sa somatisation et celui de sa descendance.

En fait, les adultes qui ont été traumatisés pendant l’enfance ont un taux accru de somatisation. Il s’agit là de douleurs psychiques se traduisant par des malaises physiques qui les conduisent éventuellement à une consultation médicale. Cette situation a suscité chez les scientifiques une interrogation concernant l’impact du traumatisme des parents sur les enfants.

Leur analyse a révélé que la gravité des troubles post-traumatiques d’une mère durant la grossesse de son enfant est un facteur prédictif de sa somatisation future. Les résultats ont été dévoilés dans le magazine Frontiers in Psychiatry.

Des répercussions du traumatisme maternel sur le rapport mère-enfant ?

Avec son équipe, le professeur Schechter a réalisé une étude sur un échantillon de 64 paires mère-enfant. Les mères étaient atteintes du SSPT (syndrome de stress post-traumatique) après avoir subi une violence domestique durant leur enfance ou à l’âge adulte. Dans bien des cas, cette violence faisait suite à des abus sexuels ou physiques.

Photo de 4 générations de femmes

Pour commencer, les chercheurs ont tenté de déterminer le rapport entre le SSPT des mères et la sévérité de leur somatisation lorsque leurs enfants sont encore âgés de 1 à 3 ans. Le bilan de cette enquête a démontré que les mères traumatisées sont plus enclines à avoir des douleurs physiques non liées à une maladie apparente.

« Cette situation de la mère se répercute sans doute sur ses relations avec sa progéniture, notamment leurs aptitudes à comprendre leurs échanges non verbaux, incluant les émotions. »

Daniel Schechter, médecin adjoint au SUPEA

Cinq ans après, ces scientifiques ont repris le suivi des paires mère-enfant. Il en ressort que la gravité des troubles somatiques de la mère durant l’enfance de son enfant détermine le niveau de somatisation de ce dernier à l’âge scolaire.

La nécessité de prendre connaissance du passé familial

À la lumière des résultats de l’étude, il apparaît clairement que la somatisation est transmise d’une génération à l’autre lors des premières phases de croissance de l’enfant. Cette conclusion est une révélation pour les pédiatres qui n’arrivaient pas à détecter les vraies causes des malaises physiques de leurs patients.

Jusqu’ici, nombre de ces cas auraient été assimilés à un syndrome somatique dû à l’anxiété ou au stress. Par contre, une mère atteinte de SSPT risque de ne pas comprendre la souffrance psychologique de l’enfant, voire de refuser son diagnostic.

« En vue de renforcer le suivi des patients concernés, nous suggérons aux pédiatres de considérer le traumatisme vécu dans la famille, puisqu’il n’est souvent pas exprimé en paroles, mais dans le corps. »

Daniel Schechter, médecin adjoint au SUPEA

SOURCE : MIRAGENEWS

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