Les paléontologues ont découvert le fossile d’une nouvelle espèce de Crocodilien géant, baptisée Deinosuchus schwimmeri. Mesurant plus de 10 m, cette créature était un prédateur redoutable des grands vertébrés, en Amérique du Nord le long de la plaine côtière de l’Atlantique, durant le Crétacé, soit environ 80 millions d’années avant nous.
D’après la reconstitution de l’animal, effectuée à partir des restes fossiles retrouvés dans le Mississippi et en Alabama, il ne ressemblait ni aux alligators ni aux crocodiles que nous connaissons aujourd’hui, sauf au niveau de sa morphologie.
Selon les professeurs Adam Cossette et Christopher Brochu, de l’Université de l’Iowa, qui se sont penchés sur l’étude de ce nouveau spécimen, c’est vraisemblablement un prédécesseur des crocodiliens actuels.
« Un prédateur bizarre et monstrueux »
Comparé aux autres reptiles du groupe des Crocodiliens, le crâne du Deinosuchus schwimmeri était nettement plus grand. Mais ce qui a le plus surpris les paléontologues était la morphologie du nez bizarrement gonflé au bout de son long et large museau. Une conformation étrange dont les rôles spécifiques restent encore inconnus selon ces chercheurs.
Pour compléter les caractéristiques atypiques de cette créature, il y a aussi la taille remarquable de ses dents, aussi grandes que des bananes. On imagine sans mal que ce grand prédateur semi-aquatique, opportuniste de surcroît, ait pu s’attaquer à tous les vertébrés qui s’aventuraient dans son habitat.
« Le Deinosuchus était un géant qui a dû terroriser les dinosaures qui venaient au bord de l’eau pour s’abreuver », indique le professeur Cossette. La Dr Stéphanie Drumheller-Horto de l’Université du Tennessee abonde d’ailleurs dans ce sens, indiquant qu’elle a identifié des marques de morsures faites par ce gros reptile sur des carapaces de tortues géantes et des os de dinosaures.
Un ascendant des alligators modernes
Contrairement aux idées reçues, préjugeant que les crocodiliens étaient des « fossiles vivants », cette découverte montre que ce groupe a également évolué au fil du temps. Le Deinosuchus schwimmeri serait ainsi apparenté à deux autres espèces de Deinosuchus, le Deinosuchus hatcheri et Deinosuchus riograndensis, décrites jusqu’à maintenant.
Certes, de plus amples recherches restent indispensables pour comprendre l’évolution des Crocodiliens. Mais la découverte de ce nouveau spécimen, doté de deux gros trous bizarrement placés au bout de sa gueule, contribue déjà à une meilleure classification phylogénétique des divers spécimens du groupe.
Leurs résultats de cette recherche ont été récemment publiés dans Journal of Vertebrate Paleontology.