Des prisons américaines vont tester un bracelet anti-suicide

Les suicides sont la première cause de mortalité dans les prisons américaines. L’administration carcérale des États-Unis va donc tester dans le Massachusetts un bracelet anti-suicide.

L’isolement peut provoquer de graves troubles émotionnels. Cette mesure de sécurité carcérale consiste en un confinement solitaire. L’an dernier, une enquête du ministère américain de la Justice (DOJ) accablait l’administration carcérale du Massachusetts (MADOC). Il était reproché à cette dernière de violer le huitième amendement de la Constitution des États-Unis. Cela, en omettant de fournir un suivi adéquat aux prisonniers victimes de troubles mentaux ou émotionnels. Le rapport d’enquête qualifiait les mesures restrictives dans les prisons du Massachusetts de cruelles. Celles-ci créeraient des conditions inutilement difficiles pouvant favoriser le suicide.

Photo de Barbara Rosner – Pixabay.com

Une procédure d’isolement peut durer plus de 22 heures. La MADOC n’envisage pas de mettre un terme à la pratique. Elle va toutefois améliorer le suivi des prisonniers assujettis à une telle mesure. L’administration carcérale va ainsi tester une technologie pour surveiller en temps réel la respiration et la fréquence cardiaque des prisonniers isolés.

Un traqueur d’activité développé par 4Sight Labs

4Sight Labs est une entreprise américaine qui se spécialise dans les technologies d’évaluation de l’intensité de l’activité physique. Elle est connue pour avoir développé Custody Protect. Il s’agit d’un système qui repose sur un capteur porté sur le poignet ou la cheville, une application mobile et une intelligence artificielle basée sur le cloud. Sa fonction est de surveiller en permanence les personnes pendant l’arrestation, le transport, la garde à vue et l’incarcération.

L’administration carcérale du Massachusetts veut reprendre le principe de Custody Protect pour développer son bracelet anti-suicide. Le magazine en ligne Vice rappelle d’ailleurs que le 5 mai dernier, la MADOC a signé un contrat avec 4Sight Labs.

L’administration a également précisé évaluer « la faisabilité des bracelets de 4Sight Labs par des détenus ayant des besoins spécifiques en matière de santé et de sécurité et dont les soins bénéficieraient du port d’un bracelet pour surveiller la fonction physique (par exemple la fréquence cardiaque) ». Pour l’heure, le Massachusetts semble être le seul État à tester cette technologie de surveillance pour son système pénitencier.

Une initiative qui laisse sceptique

Un bracelet anti-suicide sera un outil de prévention, mais celui-ci ne va pas résoudre la crise de la santé mentale dans les prisons américaines. « Nous n’allons pas traiter les problèmes de santé mentale des détenus en leur installant simplement une sorte de dispositif de suivi et en essayant de collecter des données biométriques », a expliqué James Gilmore.

L’Electronic Frontier Foundation alerte même sur la confidentialité des données collectées. « Que le protocole soit contrôlé par l’État ou par un fournisseur privé, il est souvent difficile de savoir quelles sont les restrictions d’accès à ces données ou quelles sont les réglementations en matière de stockage, d’utilisation, de sécurité des informations et de conservation », écrit l’ONG pour la protection des libertés sur Internet sur sa page.

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