Des scientifiques ont découvert un pseudo pouce sur la main de l’aye-aye, un étrange lémurien de Madagascar

Le 21 octobre dernier, les résultats d’une nouvelle étude concernant l’aye-aye, un primate originaire de Madagascar, ont été publiés dans l’American Journal of Physical Anthropology. Selon l’article, le lémurien aurait développé un pouce supplémentaire afin de mieux gérer la préhension. C’est la première fois que des scientifiques remarquent la présence de ce doigt supplémentaire chez l’espèce.

Connu sous le nom scientifique Daubentonia madagascariensis, l’aye-aye est considéré comme un animal maudit par les populations locales, dans les régions où il vit. Il est considéré comme un symbole de mort et du mal à cause de son étrange morphologie externe et ses mœurs nocturnes.

Une photo de Madagascar
Crédits Pixabay

Selon le rapport, l’aye-aye est le seul primate connu ayant développé un doigt additionnel pour saisir des objets.

Une adaptation morphologique

L’aye-aye est connu pour son apparence très étrange et assez différente des autres espèces de lémuriens. Il possède en effet une fourrure crépue, de très grandes oreilles, des yeux exorbités ainsi que des doigts longs et maigres. L’un de ses doigts est même remarquablement plus long que les autres.

Selon les explications du porte-parole du Duke Lemur Center de la Caroline du Nord, les doigts longs et flexibles de l’animal n’ont rien à voir avec les malédictions mais sont plutôt adaptés à son régime alimentaire. Ils lui sont utiles pour localiser les larves cachées dans les parties creuses des arbres et pour percer des trous afin d’attraper les insectes.

Selon le co-auteur de l’étude, Adam Hartstone-Rose, les doigts de l’Aye-aye ont évolué pour devenir « extrêmement spécialisés ». Selon ses explications, ses doigts sont si spécialisés qu’ils ne lui sont pas d’une grande aide pour ses déplacements à travers la forêt.

Hartstone-Rose a déclaré que D. madagascariensis semble « marcher sur des araignées » quand il se déplace. Selon lui, ce serait cette adaptation extrême qui aurait conduit à l’apparition d’un doigt supplémentaire, vu que les autres doigts longs ne peuvent pas beaucoup aider à la fonction de saisie.

Une découverte inattendue

Les scientifiques ne s’attendaient pas à cette découverte quand ils ont effectué une dissection de routine de l’avant-bras d’un spécimen d’aye-aye. Edwin Dickinson, co-auteur principal de l’étude a déclaré qu’ils ont découvert le pseudo pouce quand ils ont suivi un tendon qui s’est étonnamment divisé en deux parties.

« Plutôt que de s’attacher au vrai pouce comme le ferait le muscle des autres primates, le tendon s’est scindé en deux, une partie partait vers le vrai pouce tandis que l’autre était attaché à un os dilaté du poignet. Cet os fait partie du pseudo pouce.

Afin de vérifier si le doigt supplémentaire est une caractéristique de l’aye-aye, les scientifiques ont examiné d’autres individus de l’espèce dont six adultes et un juvénile. Les résultats étaient les mêmes puisque tous les individus étudiés présentaient un pseudo pouce au niveau de leurs poignets.

Pour Dickinson, cette découverte montre que la spécialisation de l’anatomie pour une tâche spécifique nécessite en retour des adaptations souvent inattendues afin de compenser les lacunes.

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