
Des scientifiques ont réussi à filmer un système immunitaire en train de s’attaquer à des bactéries
Des chercheurs de l’University College de Londres ont réussi à filmer l’attaque d’un système immunitaire sur une surface bactérienne.
La formation immunitaire en question est le système du complément, composé de petites protéines (C5b, C6, C7, C8 et C9). Grâce à un microscope à force atomique, les scientifiques ont pu observer la coordination de l’attaque pour former un trou dans la membrane bactérienne.

Ce système de défense est appelé « complexe d’attaque membranaire » ou « CAM ». Au lieu d’essayer de voir les molécules, le microscope à force atomique utilise une aiguille extrêmement fine pour les sentir. Il peut ainsi réaliser des imageries à haute résolution à l’échelle nanoscopique.
L’étude a révélé une intéressante découverte sur coordination de l’attaque. Les chercheurs ont noté que les protéines hésitaient avant de lancer un assaut irréversible. Les résultats de la recherche ont été publiés dans Nature Communications.
Une technique révolutionnaire
Lors d’une étude antérieure, les chercheurs ont déjà réussi à photographier une attaque de CAM. Cette fois-ci, ils ont utilisé des lipides extraits de la surface membranaire de la bactérie Escherichia Coli. Ils les ont placés sur une grille de dioxyde de silicium avant d’y ajouter des protéines du CAM.
« L’aiguille balaie la surface à plusieurs reprises pour produire une image qui se rafraîchit assez rapidement pour suivre la manière dont les protéines immunitaires s’assemblent et se logent dans la surface bactérienne », a expliqué l’University College de Londres dans un communiqué.
Une véritable stratégie d’assaut
La stratégie d’attaque CAM consiste à créer un trou de dix nanomètres de diamètre sur la membrane de la bactérie. Celui-ci constituera une entrée d’eau. L’antigène va donc gonfler, exploser et mourir.
Il faut dix-huit copies de la même protéine pour compléter un trou. Or, les chercheurs ont constaté que, suite à l’incorporation de la première protéine, une sorte de « goulot d’étranglement » se forme, et une pause est marquée. « Curieusement, cela coïncide avec le point où la formation de trous est empêchée sur nos propres cellules saines, les laissant ainsi intactes », a souligné Bart Hoogenboom de l’University College de Londres. Puis, l’attaque s’est poursuivie sans interruption jusqu’à la mise à mort du microorganisme.
Les chercheurs pensent que, durant cette pause, le système immunitaire vérifie s’il est bien face à un ennemi et non à une cellule en bonne santé. Il leur reste à confirmer cette théorie. Ils estiment que cette découverte pourrait servir dans le traitement du cancer par immunothérapie.