Les activités humaines ont radicalement modifié le climat à partir d’une certaine période géologique appelée Anthropocène. Des chercheurs japonais ont récemment pu estimer le commencement de cette ère grâce à des biomarqueurs particuliers découverts à l’intérieur de sédiments marins et de coraux. Reliquats de matériaux provenant d’essais atomiques datant des années cinquante, ces biomarqueurs trouvés au large des côtes japonaises, dans le Pacifique Nord, sont radioactifs.
En effet, en dépit des bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki en 1945, le Japon n’a cessé de mener activement des essais nucléaires qui ont fortement pollué l’environnement océanique à cette époque. C’est ainsi que les scientifiques de l’Université de Tokyo ont alors pu affirmer que l’Anthropocène a commencé en 1954.
Ils ont notamment appuyé leurs études sur la base des données collectées à partir de plusieurs sédiments récoltés dans la région.
Forte pollution au plutonium suite aux essais nucléaires au Japon
Les années 1950 à 1963 ont été marquées par une avancée majeure dans la recherche sur le nucléaire au Japon. En effet, au lendemain de la capitulation, les scientifiques de l’époque n’ont pas cessé de vanter les mérites de l’énergie nucléaire dans les médias. Même si le développement de l’électronucléaire à créer une révolution énergétique au Japon, il a fortement pollué les écosystèmes de la Terre.
Les chercheurs japonais se sont alors efforcés de trouver des preuves de la persistance des retombées radioactives ayant pollué l’écosystème marin au cours de cette période. Yusuke Yokoyama, l’un des géoscientifiques qui ont travaillé sur ce projet, a affirmé qu’ils ont détecté des traces de plutonium emprisonnées à l’intérieur de sédiments ou de coraux.
Analyse chimique par spectrométrie de masse et croisement des sédiments
Les chercheurs ont analysé les carottes de sédiments grâce à une technique appelée spectrométrie de masse par accélérateur. Toutefois, ils ont eu beaucoup de difficultés à identifier les traces radioactives datant de cette période. En effet, les courants océaniques et d’autres facteurs climatiques ont déjà dispersé les débris marins impactés par cette pollution nucléaire.
Ils ont alors eu l’idée de comparer les sédiments récoltés sur place avec ceux trouvés un peu partout dans le Pacifique. La datation de squelettes de coraux collectés sur l’île d’Ishigaki au sud-ouest d’Okinawa a servi de base pour identifier les sédiments nécessaires pour mener cette étude. Ces données vont permettre aux scientifiques de mieux comprendre l’évolution du climat et d’anticiper des risques géologiques comme les tsunamis.
SOURCE : SCIENCEALERT