Oumuamua a fait couler beaucoup d’encre depuis sa découverte en octobre 2017 et il semblerait que la tendance ne soit pas près de s’inverser. Le Harvard Smithsonian Center for Astrophysics lui a en effet consacré une nouvelle étude, une étude dans laquelle les chercheurs font un parallèle entre les caractéristiques du corps… et les voiles solaires.
Si Oumuamua fascine autant, c’est principalement en raison de son origine. Le corps provient en effet d’un autre système stellaire que le nôtre.
Toutefois, son origine elle seule ne suffit pas à expliquer l’engouement autour de ce corps.
Oumuamua, un voyageur venu d’un autre système
En effet, si autant de scientifiques lui ont consacré des études ces derniers mois, c’est aussi et surtout en raison de ses étranges caractéristiques.
Oumuamua a ainsi deux particularités très intéressantes. La première a trait à sa forme. Contrairement aux astéroïdes évoluant dans notre système, le corps a en effet une forme allongée avec une longueur dix fois supérieure à sa largeur. Plus étonnant encore, il tourne lentement sur son axe avec des périodes de rotation comprises entre 6,9 et 8,3 heures.
Mais ce n’est pas tout. Le corps a une seconde particularité : sa vitesse. Quelques semaines avant l’été, une étude a en effet révélé que le corps avait subitement accéléré. Après avoir examiné les données en leur possession, les astronomes ont fini par en déduire que cette accélération avait été provoquée par un brusque dégazage. Oumuamua a alors quitté la famille des astéroïdes pour rejoindre celle des comètes.
Une hypothèse confirmée par l’agence spatiale européenne elle-même.
Une accélération illogique
Toutefois, le mois dernier, une nouvelle étude a semé de nouveau le doute. Roman Rafikov, un astrophysicien de l’Université de Cambridge, a en effet publié un article dans lequel il affirme que le corps n’aurait jamais pu résister à son passage dans notre système en raison de sa forme.
D’après lui, compte tenu de ses dimensions et de son profil allongé, il aurait en effet dû se scinder en au moins deux morceaux lors de son accélération.
Shmuel Bialy et Abraham Loeb, des chercheurs travaillant respectivement pour l’institut de théorie et de calcul de la CfA et pour l’Université de Harvard, ont récemment publié une nouvelle étude portant sur le corps et plus précisément sur sa brusque accélération.
Dans leur article, les deux chercheurs commencent par énoncer toutes les contradictions propres à Oumuamua et notamment le fait que le supposé dégazage soit survenu… bien après le passage du corps à proximité de l’étoile de notre système.
Et si Oumuamua n’était ni un astéroïde ni une comète ?
Cette incohérence, personne n’a encore réussi à l’expliquer. Si Oumuamua était réellement une comète, alors il aurait dû subir un premier dégazage en passant à proximité du Soleil. Or cela n’a pas été le cas.
Bialy et Loeb ne se contentent cependant pas de pointer les nombreuses incohérences propres au corps. Ils proposent également dans leur étude une autre théorie bien plus excitante. Compte tenu de ses caractéristiques, les deux chercheurs pensent en effet que le corps pourrait en théorie être une voile solaire et donc un vaisseau spatial utilisation la pression de radiation pour générer une propulsion.
Avant d’aller plus loin, il est important de noter que Loeb a plusieurs casquettes et s’il travaille pour Harvard, il est également le président du comité consultatif de Breakthrough Starshot.
Derrière ce nom relativement poétique se cache en réalité un projet spatial de grande envergure. Le Breakthrough Starshot a en effet pour but d’envoyer à travers l’espace des milliers de sondes spatiales d’un gramme, des sondes équipées… de voiles solaires. L’idée finale étant de les acheminer vers Alpha du Centaure pour étudier ses exoplanètes.
Une sonde solaire envoyée par une autre civilisation ?
Abraham Loeb connait donc bien les voiles solaires et c’est précisément ce qui rend cette étude aussi intéressante.
Si cette théorie devait s’avérer exacte, alors Oumuamua pourrait être la première preuve de l’existence d’une civilisation extraterrestre évoluée. Maintenant, Bialy et Loeb indiquent également dans leur article que si cette théorie est raisonnablement recevable, elle est difficile à prouver.
Encore plus à présent que le corps s’est éloigné de notre position.
En outre, et cela a aussi son importante, si Oumuamua est réellement une sonde extraterrestre, alors rien ne dit qu’elle soit encore en activité. Toujours selon nos deux chercheurs, le vaisseau pourrait en effet être une simple épave voguant à travers l’espace sans but réel. Ce qui expliquerait pourquoi les écoutes entreprises en 2017 n’ont rien donné.