La drôle d’évolution des pieuvres

Les céphalopodes, comme les poulpes, les pieuvres et les calmars ont fait l’objet de différents mythes du fait de leurs capacités cognitives extraordinaires. Leur cerveau particulièrement développé les rend capables de prouesses impressionnantes, tant au niveau de leur utilisation d’outils que dans leur apprentissage. Ce n’est pas tout ! Une équipe de chercheurs a récemment découvert une autre faculté des céphalopodes qui pourrait expliquer ces performances.

Pour s’adapter à des contraintes environnementales, la plupart des organismes vivants effectuent des modifications génétiques. Cette édition s’effectue au niveau de l’ADN (acide désoxyribonucléique).

Crédits Pixabay

Les informations sont ensuite orchestrées par l’ARN (acide ribonucléique) qui produira les protéines adaptées. Par contre, il existe certaines espèces qui optent pour un autre procédé.

En 2015, une équipe de scientifiques a découvert un calmar qui a édité plus de 60 % de l’ARN de son système nerveux. Après avoir approfondi leurs études, ces chercheurs ont constaté que certaines espèces de céphalopodes modifient régulièrement leur ARN.

Un processus presque abandonné par mère Nature

L’édition de l’ARN permet à l’organisme d’affiner son information génétique sans être obligé de passer par la mutation génétique qui est un procédé moins désordonné, mais plus lent. Toutefois, la nature semble avoir désavantagé cette forme d’évolution génétique.

« Mère Nature a essayé l’édition de l’ARN, l’a trouvé insuffisant et l’a largement abandonné. »

Anna Vlasits, chercheuse ayant participé à l’étude

Dans le cas du calmar de 2015, la modification de l’ARN de son système nerveux semble avoir provoqué d’importants changements sur la physiologie de son cerveau. En 2017, l’équipe a découvert que le même phénomène était relativement courant chez d’autres espèces de céphalopodes.

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Une invention des céphalopodes coléoïdes 

Pour y voir plus clair, ils ont vérifié si le nautile et la limace, d’autres mollusques, effectuaient également une édition régulière de l’ARN. Les résultats sont négatifs.

« Cela montre qu’un niveau élevé d’édition de l’ARN n’est généralement pas propre aux mollusques, c’est une invention des céphalopodes coléoïdes. »

Joshua Rosenthal, co-chercheur principal du Laboratoire de biologie marine des États-Unis

Actuellement, l’équipe envisage de concevoir des modèles génétiques de céphalopodes. Cet outil devrait permettre de connaître la raison de cette édition de l’ARN et le moment où elle se produit.

« Cela pourrait être quelque chose d’aussi simple que les changements de température ou d’aussi compliqué que l’expérience, une forme de mémoire. »

Rosenthal

Les résultats de l’étude ont été publiés dans Cell.

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