Facebook : un nouveau cas de censure, cette fois avec la fillette au napalm

Facebook a toujours eu un problème avec la nudité, c’est un fait. Les modérateurs de la plateforme sont en effet connus pour avoir la main lourde et ils sont au centre d’une nouvelle polémique depuis le début de la semaine. Cela n’a d’ailleurs rien de surprenant, car ils ont récemment censuré une des photos les plus célèbres de ce dernier siècle, celle de la fillette au napalm.

Cette photographie a été prise au Viêt Nam le 8 juin 1972 par le photographe Nick Ut Cong Huynh. Il avait été envoyé là-bas par Associated Press pour couvrir la guerre qui sévissait dans le pays.

Kim Phuc
Suite à cette affaire, le Aftenposten a réalisé un petit montage pour les médias souhaitant évoquer l’affaire sans craindre les représailles de Facebook.

Le hasard a voulu qu’il se retrouve près de Trang Bang au moment où les bombardiers américains ont lâché du napalm sur la région.

Une photo historique censurée par les modérateurs de Facebook

Là, il s’est retrouvé face à une petite fille nue, brûlée, en train de courir vers lui, au milieu de la foule. Il n’a pas réfléchi à ce qu’il faisait et il a sorti son appareil pour la prendre en photo. Associated Press était assez réticent à l’idée de publier cette image en raison de la nudité de la fillette, mais Horst Fass a fait pression sur l’agence et elle a fini par accepter de la diffuser.

Cette photo a rapidement fait la une de tous les journaux de l’époque et elle est devenue dans la foulée un symbole de la Guerre du Viêt Nam. Nick Ut a d’ailleurs été récompensé par un Pulitzer.

Une récompense amplement méritée. Nick ne s’est en effet pas contenté de prendre cette petite fille en photo. Il lui a aussi sauvé la vie en l’emmenant à l’hôpital, où elle a subi pas moins de dix-sept interventions chirurgicales. Des interventions qui ont visiblement porté ses fruits puisque Kim Phuc est toujours en vie et elle a même été nommée ambassadrice de bonne volonté à l’UNESCO à la fin des années 90.

Mais quel est le rapport avec Facebook ?

Il est assez simple en fait. Tom Egeland, un écrivain norvégien, a récemment partagé cette photo sur Facebook. Elle a visiblement froissé un des modérateurs de la plateforme puisque son compte a été bloqué dans la foulée et la photo supprimée.

En apprenant la nouvelle, le journal Aftenposten a publié un article pour évoquer cette censure, en utilisant la même photo pour l’illustrer. Même chose, la publication a été supprimée. L’administrateur de la page a demandé des explications à Facebook et le réseau social lui a tout simplement répondu que les photographies présentant des hommes, des femmes ou des enfants entièrement nus étaient formellement interdites sur la plateforme.

Un problème de nudité

Et encore plus lorsqu’elles laissaient apparaître leurs organes génitaux bien entendu, ce qui est précisément le cas ici puisque Kim Phuc était entièrement nue au moment des faits.

Facebook a cependant laissé le choix au journal : il pouvait soit retirer la publication, soit pixeliser/flouter la photo. Il a refusé d’obtempérer, bien entendu, arguant que cette image n’avait rien d’érotique.

Dans la foulée, il a aussi publié une lettre ouverte pour expliquer son point de vue à Mark Zuckerberg, une lettre que vous pouvez retrouver à cette adresse.

Mais ce n’est pas uniquement pour cette raison que le journal est resté sur ses positions. En réalité, il estime que “les médias libres et indépendants ont un rôle important dans la publication d’informations”. Cela vaut pour l’actualité, mais aussi pour les informations et les images pouvant être qualifiées de dérangeantes.

L’affaire a été très vite rendue publique et un porte-parole de Facebook a alors expliqué au Guardian que l’entreprise faisait au mieux pour ne pas froisser ses utilisateurs et pour trouver un équilibre entre la liberté d’expression et… le respect des autres utilisateurs. Il a reconnu que les solutions déployées n’étaient pas parfaites.

Fait amusant, Tom Egeland et Aftenposten n’ont pas été les seuls à être pris pour cible par les modérateurs de la plateforme. Facebook a aussi supprimé une publication de la Première Ministre de la Norvège parce qu’elle évoquait cette histoire, photo à l’appui.

En tout cas, face au bad buzz, Facebook a décidé de faire marge arrière et de rétablir l’image pour son “statut emblématique” et son “importante historique”.

Crédits PhotoAP

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