Dans la nature, certaines espèces animales ont des organes génitaux pour le moins étranges. À ce propos, des scientifiques ont mené de nouvelles recherches sur les Neotrogla. Le fait est que les deux sexes de cette espèce ont échangé leurs structures génitales typiques. Autrement dit, les femelles possèdent désormais une partie saillante et les mâles une cavité.
Zixin Cheng, entomologiste de l’Université d’Hokkaido, et son équipe ont étudié ces insectes en s’appuyant sur des recherches antérieures. Grâce à la microtomographie, ils ont créé des modèles en trois dimensions des insectes. Le but est de mieux comprendre le fonctionnement de leurs organes.
Les résultats ont été publiés dans Royal Society Open Science.
Un pénis femelle qui aspire le sperme
Concrètement, les mâles des Neotrogla présentent une structure génitale semblable à un vagin. Les femelles, elles, possèdent une sorte de pénis, le gynosome, qui leur permet d’aspirer le sperme. Si cet organe rappelle les pseudo-pénis d’autres animaux, les chercheurs ont affirmé qu’il est bien plus complexe.
En fait, le gynosome possède des muscles et des tuyaux permettant à la femelle de sucer le sperme du mâle. Il y a des crochets à sa base qui permettent aux femelles d’accrocher aux mâles. Ce qui est une nécessité puisqu’un accouplement peut aller jusqu’à 70 heures, soit un peu moins de trois jours.
Lors de l’acte, une série de muscles assiste le gynosome afin de se déployer et de pénétrer dans le mâle. Puis, il aspire le sperme, ce qui le fait gonfler. Ensuite, d’autres muscles contractent l’organe dans le but de déposer le sperme dans une paire de fentes de stockage.
Du sperme pour se nourrir ?
Le fait que les femelles Neotrogla possèdent deux organes de stockage de sperme a particulièrement intrigué les chercheurs. Apparemment, ce stockage supplémentaire permettrait d’expliquer pourquoi ces insectes sont si actifs pour trouver du sperme.
Dans le corps du mâle, le sperme est emballé dans des spermatophores bourrés de nutriments. Des nutriments qui pourraient avoir une fonction vitale pour le sexe opposé. En fait, les grottes dans lesquelles vivent les Neotrogla ne leur offrent que peu de ressources. L’équipe pense donc que les femelles aspirent le sperme pour se nourrir, d’autant plus que même les femelles qui sont trop jeunes pour se reproduire font de même.
« L’explication la plus probable est que [l’évolution] du pénis féminin a été favorisée par la sélection sexuelle pour recevoir davantage de nutrition séminale. »
Zixin Cheng et ses collègues
SOURCE : SCIENCEALERT