Les restes d’une jeune femme décédée il y a 9 000 ans ont été retrouvés avec des outils de chasse dans la cordillère des Andes. L’analyse de cette découverte a permis de conclure que les femmes des sociétés primitives en Amérique chassaient régulièrement aux côtés des hommes. Une division de travail équitable entre les deux sexes semble avoir perduré parmi les premiers groupes humains de chasseurs-cueilleurs.
Les chercheurs ont analysé la taille et la forme des os pour connaitre le sexe. Ils ont aussi étudié l’émail et l’état des dents afin de situer l’âge de la personne au moment où elle est morte. Ils ont déduit qu’il s’agit d’une adolescente de 17 à 19 ans. Des os de grands mammifères tels qu’une taruca, un cerf et une vigogne se trouvaient à ses côtés.

Cette étude remet en question une partie de la compréhension actuelle de la vie des ancienschasseurs-cueilleurs. Elle a été réalisée par Randall Haas, archéologue à l’université de Californie, et ses collègues.
Des outils inclusifs et faciles à manier
Les femmes chasseuses sont très rares dans les sociétés primitives, encore moins des adolescentes. Néanmoins, décidément, certaines sociétés anciennes les auraient permis de contribuer à cette tâche. « Cela nous a vraiment surpris… Dans les anciennes sociétés de chasseurs-cueilleurs, les hommes chassent et les femmes recueillent ou transforment les ressources en subsistance », a expliqué Randall Haas.
Ces tribus semblent avoir spécifiquement conçu des outils « inclusifs » à cet effet. Par exemple, l’atlatl, ou propulseur à crochet, était moins efficace que d’autres, mais pouvait être manié plus facilement.
Pour vérifier leurs résultats, Haas et son équipe ont examiné les registres des sites funéraires des 50 dernières années de toute l’Amérique. À partir de ces analyses, ils ont constaté une différence concernant les rôles attribués à la femme entre les anciens groupes de chasseurs-cueilleurs et ceux qui sont plus récents.
Des progrès techniques au détriment de la gent féminine ?
Avec le temps, les outils ont évolué en arcs et en flèches. Ceux-ci sont beaucoup plus efficaces, mais leur maniabilité a exclu les individus non entraînés. Ce serait peut-être la raison pour laquelle les femmes, occupées à des tâches ménagères, ont commencé à ne plus participer à la chasse.
Avant la présente étude, l’on ne pouvait pas encore exclure l’hypothèse que les outils qui se trouvaient à côté de ces femmes y ont été déplacés plus tard. Ces résultats ont donc le mérite d’avoir levé les voiles sur la question.