Auparavant, les chercheurs estimaient le taux de particules de plastique dans l’océan entre 8 à 10 fragments par mètre cube. Or, selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Institut océanographique Scripps et financée par l’organisme américain NSF, les micro-plastiques ayant contaminé le monde océanique sont un million de fois plus abondants que prévu.
Selon les nouveaux calculs, il y aurait, en moyenne, 8,3 millions de micro-plastiques dans un mètre cube (1 000 litres) d’océan.
Les précédentes études ont été basées sur une méthode qui consistait à recueillir les échantillons à partir de filets. Le problème est que les mailles ont été conçues pour laisser échapper les phytoplanctons. Cette technique ne permettait pas d’évaluer la quantité de particules de plastiques de moins de 333 micromètres dans l’eau.
Les résultats de la recherche ont été publiés dans Limnology and Oceanography Letters.
Une méthode révolutionnaire
Les chercheurs de la présente étude ont élaboré une méthode révolutionnaire pour estimer la pollution plastique de l’océan. Elle consiste à analyser le taux de plastiques dans le ventre des salpes en les illuminant par un microscope à fluorescence spécial.
Ces créatures gélatineuses utilisent leur corps pour se propulser vers la surface depuis des profondeurs supérieures à 2 000 mètres, tout en filtrant l’eau. Ainsi, les chercheurs ont pensé qu’ils pourraient constituer d’excellents cobayes. Ils en ont rassemblé un échantillon constitué de salpes prélevées en 2009, 2013, 2014, 2015 et 2017.
Les échantillons proviennent également de différents endroits, dont la Californie, le vortex de déchets du Pacifique nord et une zone océanique intermédiaire.
Un résultat effrayant
Les chercheurs ont constaté que cent pour cent des salpes prélevées avaient des mini-micro-plastiques dans le ventre. « Chaque salpe, peu importe l’année, l’espèce, le stade biologique ou la zone dans laquelle il a été recueilli, avait du plastique dans le ventre », a souligné l’océanographe biologiste Jennifer Brandon.
Ce résultat est alertant, d’autant plus que ces êtres vivants sont capables de digérer quasiment tout en deux à sept heures.
« Malgré l’intérêt considérable que suscitent les micro-plastiques, nous commençons à peine à comprendre l’ampleur et les effets de ces contaminants océaniques », a déclaré Dan Thornhill, directeur de programme à la Division des sciences océaniques de la NSF. « Cette étude démontre que les plastiques marins sont beaucoup plus abondants qu’on ne le pense et qu’on peut les trouver potentiellement partout dans l’océan. C’est troublant, surtout lorsque les conséquences pour l’environnement et la santé humaine restent largement inconnues. »