Quand une illusion révèle que les personnes souffrant d’une dépression ne voient pas les choses comme les autres

L’on sait actuellement que la dépression est liée à des variations au niveau de la manière dont notre cerveau est connecté. Mais les chercheurs ne se sont pas arrêtés là puisqu’ils continuent à étudier cette maladie qui touche de nombreuses personnes dans le monde. Ainsi, d’après une nouvelle étude, les personnes qui passent par une phase de dépression verraient le monde autour d’eux de manière différente.

Au cours de leur étude, les chercheurs ont voulu analyser comment le cortex cérébral gérait une illusion d’optique. Cette partie du cerveau est celle qui est responsable de la réception des messages provenant des cinq sens. Les scientifiques ont ainsi testé 111 personnes qui étaient en train de passer par des épisodes majeurs de dépression, et 29 autres qui ne l’étaient pas.

Crédits Pixabay

Le test en question constituait à présenter aux participants des patchs avec une luminosité et un contraste similaires, mais à chaque fois avec des fonds différents. La variation des fonds est souvent assez pour faire croire au cerveau que les patchs sont différents. Selon le psychologue Viljami Salmela de l’Université d’Helsinki en Finlande, ce qui a été surprenant, c’est que les patients dépressifs percevaient le contraste des images de manière différente comparé aux participants non dépressifs.

L’équipe de chercheurs derrière cette étude espère que mieux comprendre le traitement des informations visuelles dans le cerveau des personnes dépressives pourra aider à améliorer les traitements de la maladie dans le futur.

Ce que signifient les résultats

Après avoir procédé aux tests, les chercheurs ont pu observer que le cerveau des patients dépressifs était plus susceptible de se faire influencer par la partie contraste de l’illusion. D’un autre côté, il y avait peu de différences entre les groupes en ce qui concerne la luminosité.  

D’après les scientifiques, il est possible qu’un signal de contraste plus faible soit envoyé de la rétine vers le cortex chez les personnes en dépression. Il peut y avoir eu des changements au niveau des informations qui sont envoyées depuis les yeux, ou encore dans la manière dont le cerveau gère ces informations, ou encore les deux à la fois.

Dans leur article publié dans la revue Journal of Psychiatry and Neuroscience, les scientifiques indiquent que parce que la suppression du contraste est spécifique à l’orientation et dépend du traitement cortical, les résultats suggèrent que les personnes vivant un épisode de dépression majeure présentent un traitement rétinien normal, mais une normalisation corticale du contraste altérée.

Les limites de l’étude

Il y a quand même certaines limites au niveau de cette étude. L’équipe de scientifiques a en effet utilisé les rapports que les participants ont eux-mêmes produits. Ils ne se sont pas servis de scans des cerveaux des sujets pour évaluer ce que ces derniers ont réellement vu. De plus, il est aussi possible que les médicaments contre la dépression aient influencé certains des changements observés au niveau du traitement visuel.

Des résultats similaires ont toutefois été observés chez des personnes atteintes de schizophrénie et de trouble bipolaire. Cela pourrait suggérer que cette anomalie au niveau de la façon dont les yeux et le cerveau perçoivent le monde extérieur est commune à plusieurs troubles psychologiques.

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs ont observé ce lien entre la dépression et le traitement visuel au niveau du cerveau. Cependant, ces nouveaux résultats offrent plus d’informations concernant les mécanismes cérébraux des personnes ayant un trouble dépressif majeur.

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