Jessi Slaughter, ou la nécessité de soigner son identité numérique

Tout le monde ou presque connait Jessi Leonhardt, dit “Jessi Slaughter”, cette jeune américaine de 11 ans qui est devenue la risée du monde en publiant une simple vidéo. Pourquoi ? Et bien parce que sa vidéo s’est retrouvée du jour au lendemain sur 4chan, un site assez spécial qui se targue de réunir dans un seul et même endroit le pire du web. Une histoire terrible pour cette adolescente mais riche d’enseignement pour tous ceux qui ne prennent pas garde à leur identité numérique.

Car une fois de plus, il est bien question d’identité numérique dans cette histoire.

Rappel des faits

Reprenons depuis le début. Tout commence lorsque Jessi Leonhart, dit “Jessi Slaughter” est prise à partie sur des sites comme StickyDrama. Rien d’étonnant, ce sont des choses qui arrivent sur le web et nous avons tous ce genre d’histoires bien cachées au fond de notre placard. Là où les choses commencent à déraper, en revanche, c’est lorsque notre adolescente décide de publier une vidéo pour répondre à ses différents détracteurs.

Une vidéo personnelle arrogante (elle déclare être parfaite), mal réalisée, un poil pathétique, très agressive, qui ne pouvait que se retrouver sur 4chan. Et à partir du moment où c’est arrivé, tout a basculé pour la jeune fille. Sa vidéo a fait le tour du monde, déclenchant l’hilarité générale et elle a commencé à être la cible d’attaques personnelles particulièrement violentes.

Et là, Jessi a commis une nouvelle erreur. Plutôt que d’attendre que l’affaire se tasse, elle a réalisé une seconde vidéo dans laquelle apparaît également son père. Un père en colère qui déclare avoir prévenu la cyber-police ainsi que la police d’Etat et menaçant tous les détracteurs de sa fille de représailles. Le tout avec des mots qui sonnent faux et une gestuelle franchement comique.

Inutile de dire que cette vidéo s’est également retrouvée sur 4chan.

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Le mythe de l’anonymat sur le web

Internet compte des millions et des millions d’internautes ainsi que des milliards de sites. D’un certain sens, on pourrait dire que le web est aussi vaste que la galaxie. Dans ce contexte, beaucoup d’internautes pensent qu’ils sont protégés car noyés dans la masse. Après tout, lorsqu’on fait partie d’une foule aussi démente, on pense être invisible, anonyme.

Notons d’ailleurs que ce point est également valable dans la vraie vie. On se permet souvent plus de choses lorsqu’on habite dans une grande ville comme Paris ou Lyon que lorsqu’on vit dans un tout petit village perdu en pleine campagne.

Mais nous le savons bien, l’anonymat sur le web n’existe pas. C’est un mythe fondé sur une croyance populaire. Car l’être humain ne soupçonne généralement pas l’existence de ce qu’il ne perçoit pas. La plupart des internautes sont de simples utilisateurs et, en tant que tel, ils pensent qu’il est impossible de remonter jusqu’à eux. Et pour cause, puisque ces derniers ne savent généralement même pas ce qu’est une IP.

Jessi devait en penser de même mais sa vision de l’anonymat sur le web a du beaucoup changer depuis que ses vidéos ont fait le tour de la planète et se sont retrouvées à la une de nombreux quotidiens.

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Internet comme catalyseur

Mais d’un certain sens, ce n’est pas de sa faute. Pour aller plus loin et mieux comprendre ce dérapage médiatique, je pense qu’il est aussi nécessaire d’envisager la situation dans son ensemble et de s’intéresser d’un peu plus près aux détracteurs de la jeune fille ainsi qu’à tous ces internautes qui se sont moqués et qui ont contribué parfois sans le vouloir à cette explosion médiatique.

Dans la vraie vie, dans le monde réel, si une jeune fille de 11 ans avait eu ce comportement, personne ne s’en serait vraiment inquiété, personne n’aurait rien dit. Après tout, les adolescents ont parfois un comportement étrange, nous sommes tous passés par là.

Mais là, sur internet, ce n’est pas la même chose. On se permet beaucoup plus car on se sent à l’abri derrière son écran. Notons d’ailleurs que c’est exactement le même phénomène que pour les automobilistes. Quand on se déplace en voiture, on change également de comportement. On insulte, on hurle, on “pousse” les autres automobilistes. Bien plus que dans la vraie vie, et parce qu’on se sent en sécurité, parce qu’on a l’impression d’être coupé du monde.

D’un certain sens, on peut dire que le web fonctionne comme un catalyseur. Jessi a peut-être eu tort de publier ces vidéos, c’est un fait. Mais à onze ans, n’est-ce pas normal de commettre des erreurs ?

De la nécessité de prendre soin de son identité numérique

L’identité numérique ne reflète pas et ne reflètera jamais l’essence d’un individu. Tout simplement parce que notre comportement dans cet univers virtuel n’a rien à voir avec notre comportement dans la vraie vie. Il n’y a qu’à passer un peu de temps sur Twitter et assister à quelques clashs pour s’en rendre immédiatement compte. Par écrans interposés, on peut s’insulter, se moquer, on pense qu’il n’y a pas de conséquences, mais qui oserait le faire en personne et ainsi mettre en péril son intégrité physique ?

Dans ce contexte, l’identité numérique est nettement plus fragile que l’identité physique. Un mot de travers, un trait d’humour discutable, une réflexion confuse et tout peut basculer. Et encore plus lorsqu’on le fait en vidéo puisque la situation est totalement déséquilibrée. S’adresser physiquement à des gens qui n’existe que numériquement est toujours délicat et désavantageux pour celui qui s’essaye à ce genre d’exercices.

Avant d’agir, avant de laisser libre court à ses émotions, il est donc nécessaire de se poser les bonnes questions et de se demander comment pourrait être perçue notre attitude et surtout quelle portée médiatique elle pourrait avoir. Tout en sachant que les internautes ne pardonnent rien et que certains d’entre eux n’attendent même qu’une excuse pour vous sauter à la gorge.

La meilleure stratégie, je pense, consiste à se mettre à la place de ceux qui pourraient lire vos mots ou regarder votre vidéo. Ce n’est pas toujours un exercice facile, cela peut parfois paraître inutile, mais si Jessi l’avait fait, cette affaire n’aurait sans doute jamais existé.

Et pour finir, je n’ai plus qu’une seule chose à dire : pauvre gosse.

Si vous vous posez des questions sur l’identité numérique, je vous invite à lire ce livre blanc qui fourmille d’informations utiles.

17 réflexions au sujet de “Jessi Slaughter, ou la nécessité de soigner son identité numérique”

  1. vous n’avez pas tort mais elle est quand même en partie responsable de ses actes ainsi que les détraqueurs de la fille donc ils sont autant responsables qu’elles maintenant c’est à elle et à ses parents de trouver une solution pour que cela n’envemine pas les choses et aux détraqueurs d’être sur leur garde surtout quand la cyberpolice peut les traquer à tous moments. POurvu que cela donne une belle leçon à tous les internautes peu importe leurs âges car tout le monde se sentents concernés.

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  2. @laura: Je ne pense pas qu’on puisse être vraiment responsable de ses actes à 11 ans. Ce n’est encore qu’une gamine qui a certes commis quelques erreurs mais qui ne mérite pas de s’en prendre plein la tronche. Vivre son adolescence, ce n’est déjà pas simple, mais le faire alors qu’on est la risée du monde sur le web, c’est encore plus compliqué.

    Pour le reste, par contre, je suis d’accord avec toi :)

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  3. Ses parents sont des imbéciles et auraient du surveiller les activités sur internet de leur fille, les miennes ne savent pas encore écrire mais des que ce sera le cas, les pc à leur disposition seront sous l’oeil de moscou.

    Que ça serve de leçon aux autres parents. Et honte aux internautes qui insultent une petite fille, aussi suffisante, bavarde et stupide soit-elle.

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  4. Je ne suis pas d’accord avec @Rivas, les parents ne peuvent pas toujours surveiller leurs enfants. On a tous fait des erreurs étant jeune, dans le dos des parents. La première vidéo est à prendre avec humour (même si elle est assez désagréable, avec le vocabulaire qui va avec).
    La réaction des parentes sur la deuxième vidéo est en partie marrante, ils ne savent pas du tout comment agir et n’arrivent pas à s’adapter aux nouveaux modes de communication.
    Mais là où je suis vraiment choqué et dans la même éthique que Fred, c’est quand on la voit dire que sa vie est ruinée. Vous imaginez quand même ce qu’elle a subit à seulement 11 ans ?! Je trouve que l’action des internautes est allé trop loin : on en rit ok mais de là à lui pourrir la vie, il n’y a ni intérêt ni morale à faire ça.
    La réaction des internautes est disproportionnée. Une vidéo comme ça, on en rit et on passe à autre chose. Je suis consterné par cette envie de pourrir une jeune de 11 ans …

    Dans le même style, (il me semble que) il y a le Star Wars kid qui est allé en hôpital psychiatrique ou quelque chose de ce style.

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  5. @Fred : d’accord mais si je dis bien mais si ses parents savaient pratiquer leurs rôles la pauvre Jessica Leondhart ne serait pas arrivé jusque là et elle serait rester anonyme. Chacun paye ses conséquences. Voilà.

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  6. C’est une très belle leçon sur le web. Pour tous. Les jeunes, les parents…
    C’est dommage pour cette jeune fille qui en a pris plein la tête. Elle n’a pas réalisé une seconde ce qu’elle faisait…

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  7. @Fred: Je n’ai pas dit que les internautes avait ruiné sa vie, je disait simplement que c’est choquant de l’entendre dire ça à 11 ans. Sinon on est bien sur la même longueur d’onde :)

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  8. Les gens qui disent : Oh la pauvre c’est pas sa faute, elle a 11ans, vous vous rendez compte de ce que vous dites ? A 11ans, on est consciente, elle a 11ans, pas 6.
    Ce n’est pas sa seul vidéo, c’est une enfant gâté, désagréable et méchante.
    Je sans déjà les gens qui vont dire : Oui mais non, elle mérites pas sa !

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  9. Personne ne mérite ça! Ce qu’elle mérite vraiment, c’est d’être privé de dessert et de s’excuser publiquement pour les horreurs qu’elle à dit, des horreurs comme souhaité le sida à quelqu’un par exemple… Une bonne vielle privation des loisir préféré peut changer le comportement d’un enfant à condition de ne pas en abuser.

    Il est claire que cette enfant n’a aucune éducation et encore moins des parents sérieux qui la surveille!

    Quand j’avis son âge, je n’avais pas le droit d’avoir une télé dans ma chambre, même pas une radio! Même si l’internet n’était pas encore au point à l’époque, je trouvé la décision de ma mère tout à fait normale et aujourd’hui encore je la remercie de m’avoir protégé en m’interdisant la possession d’un portable (ça venais juste d’apparaître serte mais cela rester un danger quand même)

    En se qui concerne les internautes qui l’on luncher, ils sont tous sans exception responsables de leurs conduite, jeune ou pas!
    Je persiste et signe PERSONNE NE MÉRITE UN SORT PAREIL!!!

    Enfin bref, je trouve cet article très bien écris! Bravo!

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  10. Salut, moi je suis pas psychologue mais je pense que cette petite fille essayais de se faire des amis en copiant la ” nouvelle Génération ” Je sais pas si vous avez remarquer mais les adolescentes de 14, 15, 16, 17 ans s’habille avec de grand décolté, des mini jupes même si on est en hivers !!
    Elles sont irrespectueuse et sont Vraiment vulgaire
    Cette petite fille avais envie d’être ” populaire ” et aimer et avoir plus d’amis

    Sa ne doit pas quand même l’excuser de son attitude et des photos ” hot ” qu’elle a fait et tout se qu’elle nous a raconter est surement des bobard

    Et Se qui sont vraiment fautif dans cette affaires se sont les personnes qui l’insultent car ils n’ont que sa a faire de leurs vie de regarder des vidéo sur internet et d’abaisser les gens alors que eux ne sont pas capable de se trouver un travail !

    Et se sont les parents aussi car il doivent surveiller leurs filles

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