Le nucléaire est beaucoup décrié pour la dangerosité des radiations et des déchets radioactifs. La Chine mise sur une nouvelle technologie de réacteur comportant moins de risques.
Dans l’industrie énergétique, le nucléaire est certainement le sujet le plus débattu. Beaucoup considèrent que l’énergie nucléaire n’est pas assez exploitée. Bon marché à produire et à faible émission de carbone, celle-ci devrait occuper une plus grande place dans le bouquet énergétique mondial. Le nucléaire reste la seule source d’énergie capable de répondre à une demande massive. Néanmoins, pour ses détracteurs, il est aussi mauvais, sinon pire que les combustibles fossiles. Des accidents comme Tchernobyl et Fukushima sont souvent évoqués en prétexte pour abandonner cette source énergétique. Vient également la difficulté d’éliminer les déchets nucléaires.
Le gouvernement chinois a dévoilé son projet d’un réacteur nucléaire expérimental unique en son genre. Celui-ci n’a pas besoin d’eau pour le refroidissement et serait beaucoup moins dangereux que les réacteurs conventionnels.
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Un rôle clé dans la transition énergétique
Le projet chinois consiste en un réacteur nucléaire à sels fondus fonctionnant au thorium liquide au lieu de l’uranium. Il devrait être plus sûr que les réacteurs conventionnels. Le sel fondu dans lequel est dissout le combustible nucléaire se refroidit et se solidifie rapidement à la suite d’une exposition à l’air. Le phénomène a pour effet d’isoler le thorium, de sorte que toute fuite potentielle provoquerait une contamination aux radiations de faible ampleur.
Le thorium est un métal radioactif argenté beaucoup moins cher et plus abondant que l’uranium. Il est également difficile de l’enrichir pour créer des armes nucléaires. Le nouveau réacteur fait partie de la volonté du président chinois Xi Jinping de réduire considérablement les émissions de carbone du pays d’ici 2060. En effet, selon un rapport de 2019 du cabinet Rhodium Group, la Chine est à l’origine de 27 % du total des émissions mondiales de carbone.
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Une version commerciale d’ici 2030
La gestion des déchets radioactifs ne devrait pas poser de problème avec un réacteur à sels fondus. Les principaux sous-produits d’une réaction nucléaire du thorium peuvent être recyclés dans d’autres transformations. Par ailleurs, la durabilité des déchets définitifs n’est que de 500 ans. Ce qui est très intéressant par rapport aux 10 000 ans des déchets radioactifs de l’uranium.
La République populaire finalise la construction d’un prototype de deux mégawatts. Le réacteur mesurera trois mètres de haut et deux mètres et demi de large. Il sera en mesure de générer 100 mégawatts d’électricité pour satisfaire les besoins de 100 000 personnes.
Ce type de réacteur ne nécessitant pas d’eau, il pourra fonctionner dans des régions désertiques. L’implantation du premier réacteur commercial se fera dans la ville désertique de Wuwei. Les premiers tests du prototype auront quant à eux lieu dès septembre prochain. Cela ouvrira ensuite la voie à la construction du premier réacteur commercial d’ici 2030.