La Covid-19, une affaire de testostérone ?

Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons au sujet de la Covid-19, comme son origine exacte ou encore son impact sur le long terme. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de continuer à mener des études. Il s’agit en effet du seul moyen que nous avons pour réussir à comprendre – puis à vaincre – la maladie.

Or justement, au cours de précédentes études, les chercheurs ont réalisé que les hommes avaient tendance à développer des symptômes plus sévères que les femmes lorsqu’ils étaient frappés par la maladie.

Crédits Gerd Altmann – Pixabay.com

Et aujourd’hui, certains chercheurs pensent savoir pourquoi.

La Covid-19, une affaire d’hormones ?

Lorsqu’il a été découvert que les hommes souffraient davantage de la Covid-19 que les femmes, plusieurs chercheurs ont immédiatement pensé que cela pouvait avoir un lien avec la testostérone. Certains ont ainsi supposé que des niveaux élevés de l’hormone pouvaient conduire les patients à développer des symptômes plus graves de la maladie.

Toutefois, si l’on en croit cette nouvelle étude, alors la réalité serait bien différente.

Pour faire toute la lumière sur cette affaire, un groupe de chercheurs a rassemblé des échantillons de sang appartenant à 90 hommes et à 62 femmes ayant été admis à l’hôpital Barnes-Jewish de Saint-Louis. Hommes et femmes qui présentaient naturellement des symptômes associés à la Covid-19.

Une étude menée sur 143 personnes

Sur l’ensemble de ces patients, 143 ont été pris en charge par l’hôpital. Les chercheurs ont alors prélevé des échantillons de sang des patients qui étaient encore hospitalisés aux troisième, septième, quatorzième et vingt-huitième jours. Ils ont ensuite comparé les résultats en se focalisant sur trois hormones distinctes : la testostérone, l’estradiol et une hormone de croissance, l’IGF-1.

Pour commencer, ils se sont focalisés sur les femmes participant à l’étude et ils n’ont pas été en mesure d’établir une corrélation entre la gravité de la maladie et le taux de leurs hormones. Il n’y avait donc aucun lien de cause à effet.

Les résultats ont en revanche été très différents chez les patients de genre masculin. Si aucun lien de cause à effet n’a été trouvé au niveau de l’estradiol et de l’IGF-1, les chercheurs ont en revanche pu établir une corrélation entre la gravité des symptômes des patients et le taux de testostérone présent dans leur sang.

Une corrélation entre les effets de la maladie et le taux de testostérone ?

Et c’est là que les choses deviennent intéressantes. Lors de leur admission, les hommes ayant développé la forme la plus grave de la maladie présentaient un taux moyen de testostérone de l’ordre de 52 nanogrammes par décilitre. La moyenne étant fixée à 250 nanogrammes par décilitre.

Leur taux de testostérone était donc beaucoup plus bas que la moyenne.

En revanche, les hommes qui ont développé une forme moins grave de la maladie présentaient tous une moyenne atteignant les 151 nanogrammes par décilitre.

Il y a plus cependant. En examinant l’historique des prélèvements, les chercheurs ont également réalisé que les hommes ayant développé la forme la plus grave de la maladie ont vu leur taux de testostérone chuter brutalement à mesure de leur hospitalisation, pour atteindre une moyenne de 19 nanogrammes par décilitre. Sur tous les patients admis pour l’étude, trente-sept ont perdu la vie et vingt-cinq étaient des hommes présentant des taux de testostérone très bas.

Une hormone protectrice

Pour le moment, les chercheurs n’ont pas été en mesure de comprendre pourquoi la Covid-19 entraînait une diminution du taux de testostérone. En outre, dans leur étude, ils expliquent aussi que les patients n’avaient pas été testés avant leur admission à l’hôpital. On ne sait donc pas si leur taux de testostérone était initialement plus important.

A partir de là, deux hypothèses sont possibles. La première, c’est que les hommes présentant un taux de testostérone élevé ont plus de chance de résister à la Covid-19. Il faut d’ailleurs rappeler qu’il a été établi au cours d’une étude remontant à l’année 2011 que cette hormone protégeait les hommes contre les maladies inflammatoires.

La seconde hypothèse est plus préoccupante. Il est aussi possible que la maladie entraîne une chute de l’hormone.

Pour faire toute la lumière sur cette question, les chercheurs pensent qu’il est nécessaire de mener de nouvelles études plus poussées.

Les résultats de leur étude sont librement accessibles à cette adresse.

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