Depuis 2018, les scientifiques de la NASA savent qu’il y a de la glace d’eau sur la Lune. Cette glace a pu éventuellement rester intacte pendant des millions d’années car elle se trouve au fond de cratères sombres au niveau des pôles, protégés des rayons du Soleil. Mais même si la lumière ne peut pas affecter la glace, celle-ci devrait normalement cesser d’exister à cause du vent solaire. Pourtant, la glace est toujours là.
Le vent solaire est constitué de particules chargées éjectées par le Soleil à une vitesse de plusieurs centaines de kilomètres par seconde. Selon Paul Lucey, planétologue à l’Université de Hawaï, le vent solaire est hautement érosif et aurait dû détruire la glace il y a des années. D’ailleurs, la Lune ne possède plus de champ magnétique pour la protéger de ces particules, contrairement à la Terre. On peut ainsi se demander comment la glace a pu réussir à survivre.

D’après les chercheurs, le secret serait la présence de petites poches de champ magnétique, mises en évidence grâce à une nouvelle carte du pôle sud lunaire.
Des anomalies magnétiques
Au cours de la Lunar and Planetary Science Conference du mois dernier, des scientifiques de l’Université de l’Arizona ont présenté une carte représentant les « anomalies magnétiques » du pôle sud lunaire. Il s’agit de régions où il existe des champs magnétiques inhabituellement puissants. Pour la NASA, ces champs magnétiques seraient les restes de l’ancienne barrière magnétique de la Lune qui a probablement disparu il y a des milliards d’années.
Ce qui est fascinant concernant ces anomalies, c’est que la position de certaines d’entre elles coïncide avec celle de cratères qui sont constamment dans l’ombre. Les chercheurs indiquent ainsi que ces anomalies pourraient servir de petites barrières magnétiques protégeant la glace contre le vent solaire.
Des poches créées il y a des milliards d’années
Au cours de leur étude, les scientifiques ont combiné 12 cartes régionales du pôle sud lunaire, établies par la sonde japonaise Kaguya entre 2007 et 2009. Kaguya était équipée d’un magnétomètre capable de détecter les poches magnétiques à la surface de la Lune.
En étudiant les cartes, il a été observé que les anomalies magnétiques coïncidaient avec au moins deux cratères sombres, les cratères Shoemaker et Sverdrup. Même si ces anomalies ont une puissance très inférieure à celle du champ magnétique terrestre, les chercheurs indiquent qu’elles peuvent « significativement dévier les bombardements d’ions » du vent solaire.
Pour le moment, on ne sait pas encore vraiment d’où viennent ces anomalies. Selon une théorie, elles dateraient d’il y a 4 milliards d’années, lorsque la Lune possédait encore une barrière magnétique. Quand des astéroïdes riches en fer sont tombés sur la surface lunaire, ils auraient pu créer des surfaces de magma qui se sont refroidies au cours de centaines de milliers d’années. C’est pendant ce refroidissement que ces surfaces ont pu être magnétisées en permanence par le champ magnétique lunaire.
SOURCE: Space.com