La première transplantation de tête humaine fait débat

Il y a quelques semaines, le neurochirurgien italien Sergio Cavanero a annoncé avoir trouvé un volontaire pour la toute première transplantation de tête humaine. Il s’agit d’un homme atteint de tétraplégie. Concrètement, la tête du patient sera transplantée sur le corps d’un donneur. Le chirurgien a annoncé que l’expérience aura lien en décembre 2017.

Sur un site dédié, le neurochirurgien italien a affirmé que ce sera son homologue chinois Ren Xiaoping qui effectuerait l’intervention. Venant de l’Université médicale de Harbin, en Chine, ce dernier serait également chargé de la publication de la procédure d’ici deux mois. Si Cavanero a visiblement hâte de réaliser la greffe, son projet est fortement critiqué.

Greffe Tête

La polémique de cette opération porte généralement sur le fait que l’état de la connaissance actuel ne permettrait pas une telle expérience.

Des questions sans réponses

Sergio Cavanero travaille sur ce projet depuis qu’il est neurochirurgien à l’hôpital de Turin. Le protocole a été baptisé Heaven (head anastomosis venture) / AHBR (allogenic head body reconstruction). Pour Marike Broekman, présidente du comité d’éthique de l’EANS, celui-ci serait contraire à l’éthique. Elle a en effet profité d’une entrevue menée par Sciences et Avenir pour indiquer que plusieurs questions sur la transplantation de tête restent encore sans réponses.

Selon elle, cette procédure n’améliorera effectivement pas la santé du patient. Elle estime en effet peu probable qu’il retrouve une fonction neurologique, ni même qu’il survive. Pour elle, mener cette opération revient donc à condamner le patient.

Lui, et d’autres. Le corps utilisé pour l’opération sera sacrifié ainsi que ses organes. Des organes qui auraient très bien pu sauver d’autres patients en attente de greffes.

Des défis techniques, psychologiques, éthiques et sociaux

Pour la présidente de l’Ethico-legal Committee of the European Association of Neurosurgical societies, le plus difficile, sur le plan technique, sera de reconnecter la moelle épinière avec succès, pour retrouver un bon fonctionnement neurologique.

De son point de vue, les données pré-cliniques présentées ne sont pas valables et il aurait mieux valu poursuivre des essais sur des animaux pendant plusieurs années plutôt que de chercher à mener l’opération le plus tôt possible.

« Il faut protéger le cerveau du receveur pendant l’intervention, puis reconnecter la moelle épinière, les nerfs, les vaisseaux sanguins… faire en sorte que le corps de rejette pas la greffe, par de lourds traitements immunodépresseurs, sans compter la gestion des douleurs post-opératoires. De plus, il y a des défis psychologiques, éthiques, sociaux, qui requièrent de l’attention avant une telle intervention », a-t-elle ajouté.

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