
L’Allemagne, elle aussi, pourrait mettre Huawei à l’écart en matière de réseau 5G
En Allemagne, la course au développement du réseau 5G pourrait se faire sans Huawei. C’est du moins ce que l’on apprend de Reuters, qui indique que des responsables allemands des affaires étrangères et du ministère de l’intérieur verraient, à l’instar des gouvernements américain et australien, d’un mauvais œil les investissements entrepris par le géant chinois des télécoms en matière d’infrastructure 5G au niveau national. Sur fond d’une crainte collégiale d’un potentiel espionnage chinois, la firme de Shenzhen – et les acteurs chinois du secteur – pourrait être mise à l’écart du développement du réseau 5G en Allemagne.
Si la chose est encore à l’étude (le gouvernement allemand reste à convaincre, nous explique Reuters), il s’agirait d’un nouveau coup dur pour Huawei dont les aspirations sur le terrain de la 5G ont déjà été fortement compromises, tant par Washington que Canberra plus tôt dans l’année. Dans les deux cas, la question de “sécurité nationale” avait également été évoquée.

Contacté par l’agence de presse britannique, un officiel allemand (qui a préféré rester anonyme) commente l’affaire : “Il y a un sérieux risque. Si cela ne tenait qu’à moi, nous ferions comme les Australiens ont fait“. Pour autant, rien n’est joué. En l’état, Huawei reste l’une des principales chances du gouvernement allemand de développer le réseau 5G avec diligence dans le pays. Un développement technologique qui fait aussi figure d’enjeu économique pour les prochaines années. Dans ces conditions, difficile d’exclure Huawei et les compétences certaines de l’entreprise dans le domaine des infrastructures réseau. Et pour cause, le chinois est le premier équipementier mondial sur ce marché.
Exclure les firmes chinoises : une nécessité pour les uns, une “mauvaise approche” pour les autres
Malgré tout, les responsables politiques allemands sont partagés sur ce projet d’éviction des firmes chinoises au grand complet – Huawei en tête -, sur le dossier de la 5G. Katharina Droege (législatrice des Verts qui a co-rédigé la motion déposée au Bundestag) est pour sa part plus modérée dans ses propos que l’officiel cité plus haut. “Exclure tous les investisseurs d’un pays en particulier est une mauvaise approche“, a-t-elle indiqué, toujours auprès de Reuters. “Cependant, nous devons être en mesure d’examiner les dossiers au cas par cas pour nous assurer que notre infrastructure critique est protégée“, a-t-elle poursuivi avant d’admettre que “cela pourrait conduire à évincer les entreprises chinoises de la mise en place de notre infrastructure 5G“.
Un message tout en nuance conditionné par certaines craintes légitimes au regard de la loi chinoise sur le renseignement, promulguée par Pékin en 2017. Le texte stipule notamment que les “organisations et citoyens [chinois.es.] se doivent, en accord avec la loi, de soutenir, de coopérer et de collaborer dans le cadre de l’effort national entrepris pour le renseignement”.
Approché par Reuters, un porte-parole de Huawei s’est exprimé sur le sujet. La firme se défend de toute connivence avec la politique de renseignement mise en place par le gouvernement chinois. “La cyber-sécurité a toujours été notre priorité numéro une, et nous avons prouvé par le passé que nous étions en mesure de fournir des produits sûrs à nos clients en Allemagne et à travers le monde“, a-t-il assuré.
Si l’Allemagne venait à tourner le dos à Huawei ou encore à ZTE, l’une des seules alternatives viables pour équiper le territoire en réseau 5G serait de se rabattre sur les équipementiers européens Nokia et Ericsson. Deux firmes qui poussent actuellement leurs pions aux Etats-Unis, suite à l’exclusion du duo Huawei et ZTE, ourdi au printemps dernier par la Maison Blanche.