
L’ancien responsable des politiques de Google démissionne pour non-respect des principes des droits de l’homme
Ross LaJeunesse, l’ancien responsable des relations internationales de Google, a récemment rendu son tablier au géant de la technologie après avoir cumulé plus d’une décennie de fonctions gouvernementales ainsi que des responsabilités liées aux politiques au sein de l’entreprise technologique, a rapporté TechCrunch le mois dernier.
Dans un long article de blog, l’ex-responsable devenu candidat électoral pour le poste de sénateur américain des démocrates du Maine, avec pour rival la républicaine en place Susan Collins, Ross LaJeunesse explique les raisons pour lesquelles il concourt aux élections et pourquoi il a quitté Google.

Alors que Google fait face actuellement à l’activisme de ses employés, ainsi qu’à de nombreuses critiques compte à sa culture d’entreprise, son attitude envers la diversité et son éthique, le discours de Ross LaJeunesse en remet, sans nul doute, une autre couche.
Google refuse de monter un programme dédié au respect des principes des droits de l’homme
LaJeunesse affirme, effectivement, que les cadres de Google ont, à maintes reprises, esquivé sa proposition d’adopter un programme de droits de l’homme à l’échelle de l’entreprise qui « engagerait publiquement Google à adhérer aux principes des droits de l’homme énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits de l’homme ». De plus, ce programme aurait fourni un mécanisme permettant aux équipes de produits et d’ingénierie d’examiner en interne les éléments de conception des produits et d’évaluer l’impact sur les droits humains de tous les lancements de produits majeurs et des entrées sur le marché.
Or, selon LaJeunesse, les cadres supérieurs de Google trouvaient toujours une excuse pour dire non. A tel point qu’il fut mis de côté pour les discussions politiques liées au projet de recherche censuré Dragonfly sur lequel travaillait Google pour revenir sur le marché chinois. L’ex-responsable témoigne ainsi qu’ « à ce stade, un collègue a soudainement été réaffecté pour diriger les discussions de l’équipe politique pour Dragonfly. En tant que personne qui avait toujours plaidé pour une approche basée sur les droits de l’homme, j’étais en marge des conversations en cours sur l’opportunité de lancer Dragonfly. J’ai alors réalisé que l’entreprise n’a jamais eu l’intention d’intégrer les principes des droits de l’homme dans ses décisions commerciales et de produits ».
La culture d’entreprise de Google est peu enviable, selon Ross LaJeunesse
De son côté, une porte-parole de Google soutient le contraire dans une déclaration envoyée à TechCrunch. La firme technologique affirme avoir « un engagement indéfectible à soutenir les organisations et les efforts des droits de l’homme. Cet engagement n’est pas lié à la réorganisation de notre équipe des politiques et n’a pas été affecté par celle-ci, qui a été largement signalée et qui a touché de nombreux membres de l’équipe. Dans le cadre de cette réorganisation, Ross s’est vu offrir un nouveau poste exactement au même niveau et rémunération, qu’il a refusé d’accepter. Nous souhaitons à Ross tout le succès possible avec ses ambitions politiques ».
Mais les allégations de Ross ne s’arrêtent pas aux principes des droits de l’homme. Il affirme également qu’en matière de culture d’entreprise, l’intimidation et les stéréotypes racistes étaient monnaie courante dans l’entreprise. Google n’a pas encore commenté ces allégations. Pour LaJeunesse, « le rôle de ces sociétés dans notre vie quotidienne (…) est tout simplement trop grand pour être laissé entre les mains de dirigeants qui ne sont responsables que devant leurs actionnaires majoritaires ».