Le mystère de l’Abbaye de Fountains enfin élucidé ?

Alors que personne n’espérait plus rien découvrir dans le comté anglais du Yorkshire du Nord, une abbaye vieille d’environ huit siècles révèle un mystère inattendu. Des archéologues de l’université de Bradford et du National Trust ont trouvé près d’elle les fondations d’une tannerie industrielle médiévale. Cette découverte, rendue possible grâce à un radar à pénétration de sol, constitue d’après ces experts « le puzzle manquant » de l’histoire du monastère Fountains Abbey.

L'Abbaye Fountains

Cachés sous un vaste terrain en forme de piste de bowling, les vestiges de la tannerie ont révélé un immense site de fabrication de cuir à l’échelle industrielle. Il s’agit du plus grand site de fabrication de cuir qui ait été découvert à ce jour près d’un monastère. Un pan de l’histoire de ce haut lieu religieux peut ainsi être complété.

Sachant que les techniques de fabrication de cuir à l’époque étaient encore assez rudimentaires – car elles généraient un immense vacarme et de fortes odeurs pestilentielles – on peut se demander comment il fut possible qu’un monastère ait pu coexister avec une telle usine.

La tannerie était au cœur des occupations des moines

Cette interrogation traduit le paradoxe de la découverte. En questionnant l’histoire, il s’avère que la tannerie était loin d’être une gêne pour les moines. Au contraire, cette activité était au cœur même de leurs diverses occupations. La fabrication de cuir servait à vêtir les « Frères laïcs » à qui était déférée la tâche de concevoir leurs vêtements ainsi que les accessoires en cuir utilisés à l’abbaye. Ils avaient été recrutés par l’abbaye à cet effet.

Ils pouvaient ainsi produire des couvertures en peau de mouton pour se protéger du froid la nuit et des habits résistants aux aléas climatiques pour travailler le jour. Les moines, eux s’habillaient en vêtements de laine et dormaient protégés par des couvertures en tissus.

Pour saint Bernard, fondateur de la Fraternité, cette différence représentait une complémentarité. Le fait est qu’elle permettait aux moines, alphabètes contrairement aux Frères laïcs, de s’occuper des études et des affaires religieuses.

Une industrie d’une étendue remarquable

Les mensurations des vestiges trouvés témoignent de l’immensité de la tannerie. Deux bâtiments mesurant approximativement 16 mètres de large y ont été découverts. L’un d’eux s’étendait en longueur à 32 mètres avec plus d’un étage de hauteur. Un troisième bâtiment, légèrement éloigné des deux autres, fait également partie du lot. La structure de l’ensemble, bardé de fosses et de réservoirs, a suggéré qu’il devait s’agir nécessairement d’une tannerie ô combien grande !

Elle serait demeurée en activité entre la fin des années 1150 et celle des années 1530. Le règne d’Henri VIII, qui voulait mettre fin à l’hégémonie de l’Église catholique, aurait marqué son arrêt.

L’ensemble du site est aujourd’hui reconnu comme patrimoine mondial de l’UNESCO.

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