Le piratage n’est pas forcément une mauvaise chose selon cette nouvelle étude

La HADOPI, la MPAA, la SACEM et toutes les autres associations de défense des droits d’auteur pointent régulièrement un index accusateur en direction du piratage en ligne, en l’accusant d’être responsable d’à peu près tous les maux de l’industrie.

Antino Kim, un chercheur travaillant pour l’Université de l’Indiana, s’interroge depuis longtemps sur la nuisibilité du piratage et il a donc conduit une étude poussée portant sur son impact sur les marchés.

Ce n’est un secret pour personne, le piratage a beaucoup profité de la démocratisation du haut débit.

Le piratage, une menace pour la création ?

Pourtant, l’acte en lui-même remonte à bien plus loin et les plus anciens d’entre vous se souviennent sans doute de l’époque où les disquettes d’Atari et d’Amiga s’échangeaient sous le manteau, dans la cour de récréation, au nez et à la barbe des studios.

En réalité, pendant longtemps, l’industrie du divertissement a totalement ignoré le piratage. Tout a cependant changé lorsque les DivX et les MP3 ont commencé à sortir des canaux IRC et des newsgroups pour devenir plus accessibles, notamment au travers de solutions comme Napster ou même eMule.

Désormais, le piratage est donc le nouvel ennemi à abattre et tout est mis en oeuvre pour limiter autant que possible les échanges sous le manteau… avec des résultats très mitigés.

Pour les ayants droit, le piratage représente une menace directe pour la création audiovisuelle. Très alarmistes, les rapports remis par les associations se ressemblent un peu tous. En substance, les pirates sont en train de tuer le marché et les studios vont tous déposer le bilan si on les laisse faire. Le plus ironique, c’est que ce leitmotiv revient depuis plus d’une décennie et que tous les gros studios continuent de dégager d’importants bénéfices.

Des conclusions qui ne plairont pas à tout le monde

C’est peut-être ce qui a poussé Antino Kim à réussir une équipe afin de mener une étude économique portant sur le piratage, une étude dont l’objectif principal était surtout de déterminer son impact sur le marché du divertissement et de l’audiovisuel.

Et autant prévenir tout de suite nos amis les ayants droit, les conclusions de cette étude ne seront sans doute pas à leur goût.

En effet, selon les conclusions présentées par les chercheurs, alors le piratage ne serait pas aussi néfaste que prévu. En réalité, un niveau modéré de piratage aurait même “un impact positif sur les bénéfices du fabricant et du détaillant”. Plus amusant encore, il contribuerait aussi au bien-être des consommateurs.

Comment est-ce possible ? L’explication de nos chercheurs est assez intéressante. D’après eux, le piratage modéré agirait un peu comme un régulateur et il éviterait ainsi aux studios et à toutes les entreprises spécialisées de trop gonfler leurs prix.

En effet, des prix trop hauts pousseraient directement les consommateurs dans les bras des trackers de torrents, solutions de streaming et autres plateformes de téléchargements directs.

Les prix étant plus raisonnables, les œuvres de l’esprit séduisent également un public plus large… et permettent ainsi aux studios de dégager d’importants bénéfices. Cela ne se limite d’ailleurs pas aux biens vendus dans le commerce.

Des résultats qui parlent d’eux-mêmes

Si Netflix proposait son abonnement à 50 ou 100 € par mois, alors nous serions sans doute nombreux à nous tourner vers des plateformes illégales pour nous adonner à nos sombres penchants.

Alors bien sûr, le mot à retenir ici, c’est “modéré”. Comme l’indiquent les chercheurs, leurs conclusions et leurs observations ne prennent pas en compte les “gros” téléchargeurs et donc ceux qui collectionnent les MP3 et les DivX pour le simple plaisir de remplir leurs NAS.

Reste que le marché semble aller dans leur sens. Game of Thrones a par exemple été pendant plusieurs années de suite la série la plus téléchargée dans le monde, avec des centaines de millions de downloads sur les trackers torrents. Pourtant, derrière, les coffrets marchent fort.

En 2015, par exemple, le Telegraph avait indiqué que la saison 4 de la série avait pulvérisé tous les records de ces dix dernières années. Et ce en dépit de tous les téléchargements illégaux.

Deux ans plus tôt, David Petrarca, le réalisateur des premières saisons, avait même révélé que le manque à gagner induit par le piratage de la série était largement compensé par le “buzz culturel” qui en a découlé.

Il faut dire aussi que la seconde saison avait connu une augmentation des ventes de DVD et Blu-ray de l’ordre de 44 % par rapport à la toute première. Des chiffres assez fous d’ailleurs.

Et ce constat vaut aussi pour les plateformes de vidéos à la demande. Netflix, par exemple, compte désormais plus de 139 millions d’abonnés dans le monde et ce alors même que la plupart des shows de la plateforme finissent sur les trackers torrents et les plateformes pirates le jour même de leur sortie.

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