Christophe Beukelaer, député belge, membre du centre démocrate humaniste (CDH), a annoncé le 27 janvier qu’il était prêt à recevoir son salaire en bitcoin. Le politicien bruxellois devient ainsi la première personnalité politique à faire ce pas en Europe.
Même si la décision du parlementaire peut surprendre au vu des récents déboires de la cryptomonnaie, il demeure optimiste. « Oui je prends un risque. Mais, d’abord je peux me le permettre. Ensuite, j’ai une vraie confiance sur le long terme. En faisant ça, j’investis dans de l’or numérique », a déclaré Beukelaer lors de son annonce.
Concrètement, son salaire qui s’élève à 5 500 € (6 140,75 $) sera converti en bitcoin via Bit4You, une société de cryptomonnaies basée en Belgique.
En prenant ce risque, Christophe Beukelaer espère faire bouger les lignes pour favoriser les investissements dans la blockchain qu’il considère comme étant le « monde de demain ». Et la Belgique a tout à y gagner comme il l’explique : « Je veux que le monde politique belge se bouge, légifère pour faciliter le développement des blockchains chez nous. Nous avons déjà des entreprises très dynamiques spécialisées dans ce domaine. De nombreux pays investissent dans les blockchains, je n’ai pas envie que la Belgique rate le train. »
“Les cryptomonnaies, c’est un deuxième monde financier…”
Selon le rapport d’octobre 2021 sur la stabilité financière dans le monde, la valeur des cryptomonnaies en circulation avait dépassé les 2000 milliards de dollars à septembre 2021, soit 10 fois plus que début 2020. Et cette ascendance fulgurante s’est poursuivie en novembre 2021 où le marché des cryptomonnaies a dépassé 3000 milliards de dollars, pour la première fois de son histoire.
Cependant, habituées à jouer au yoyo, les cryptomonnaies ont démarré l’année 2022 avec moins de faste. Le bitcoin, la plus célèbre des cryptomonnaies, a par exemple perdu près de 50 % de sa valeur le 24 janvier dernier s’établissant à 29 653 €, contre près de 58 000 € en novembre 2021 selon CoinMarket Cap. Loin d’être dissuadé par cette volatilité, le député Beukelaer affirme : “Par cette action, je veux démontrer ma confiance dans le monde financier qui émerge, un monde financier plus transparent, et plus accessible dans le sens où il est décentralisé ».
Pour le parlementaire, le débat est ailleurs. ‘Aujourd’hui, les banques centrales impriment des billets sans que personne n’en parle. Pourtant, l’inflation a un effet majeur sur le bien-être de la population. Les cryptomonnaies, c’est un deuxième monde financier, organisé autrement, décentralisé, aux mains des citoyens ? C’est une forme de contre-pouvoir monétaire sans intermédiaire. »
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Sur les pas des USA
Christophe Beukelaer a certes fait le premier pas en Europe, mais il a déjà des devanciers outre-Atlantique. Francis Suarez, le maire de Miami a annoncé en février 2021 son intention de faire de la ville l’une des pionnières en matière de cryptomonnaies. Non seulement il a pris l’initiative de se faire payer en bitcoin, mais il a également réussi à faire adopter une législation permettant à ses administrés d’être payés par le même canal. Dans une interview accordée à Forbes, le maire déclarait vouloir aussi donner la possibilité aux administrés de payer les impôts en bitcoin ou une autre cryptomonnaie.
En Amérique centrale, c’est surtout le Salvador qui fait des remous. Le 7 septembre dernier, le pays de Nayib Bukele a décrété le bitcoin comme monnaie légale au même titre que le dollar américain ; une décision déboutée par le FMI le 26 janvier.