Le scientifique chinois qui a modifié les gènes de bébés a été licencié

Le scientifique chinois He Jiankui a utilisé le « CRISPR-Cas9 », une technique moderne d’édition de gènes, pour modifier les gènes embryonnaires des bébés. Il a créé des embryons humains résistants au VIH, puis les a implantés chez une femme qui a donné naissance à des jumelles. Suite à ces actes controversés, le chercheur et ses collègues ont été licenciés. Plus encore, ils risquent de faire l’objet d’une poursuite pénale.

L’université des sciences et technologies du sud de la ville de Shenzhen a déclaré, dans un communiqué, qu’« à compter de maintenant, SUSTech résiliera le contrat de travail avec le Dr Jiankui et mettra fin à ses activités d’enseignement et de recherche ».

Bébé IA

Cette décision avait été prise après une enquête menée par le Ministère de la Santé du Guangdong, en Chine.

L’édition de gènes est strictement interdite par l’État, mais la loi associée manque de précision. « Les dossiers des personnes impliquées ont été communiqués au Ministère de la Sécurité publique », ont déclaré les enquêteurs.

De faux papiers de révision d’éthique afin de recruter des volontaires

He Jiankui a créé les premiers bébés génétiquement modifiés pour la reproduction, ce qui est interdit par un décret national. L’autorité chinoise a décidé d’arrêter ses activités de recherche en attendant l’issue de l’enquête. Apparemment, il se pourrait que la sécurité et l’efficacité des technologies utilisées ne soient pas fiables.

Un article paru dans le média chinois de Xinhua a publié des détails sur cette affaire. « Jiankui a finalisé secrètement la procédure pour une notoriété personnelle et un profit. Il a levé des fonds et a monté en privé une équipe de scientifiques », a déclaré Xinhua. « Il a créé de faux papiers de révision d’éthique afin de recruter des volontaires pour la procédure. »

En 2017, le scientifique a recruté huit couples dont un père séropositif et une mère séronégative. Son équipe a édité des gènes d’embryons sur les couples en supprimant celui qui permet au VIH de pénétrer dans les cellules. Actuellement, une femme a déjà accouché et une autre est encore enceinte d’un embryon modifié. Par contre, cinq autres ne participantes sont pas enceintes, et un couple s’est retiré de l’expérience.

Novembre dernier, il a défendu ses actes, lors d’une conférence à Hong Kong, et a déclaré en être fier. Pour lui, l’édition de gènes protégera les jumelles récemment nées du virus de Sida. Cette déclaration a suscité un débat entre les juristes chinois sur la loi qu’il a enfreinte et sur la responsabilité pénale de ses actes.

Des scientifiques chinois estiment que ces actes sont tout à fait contraires à l’éthique. Une directive de 2003 interdit formellement l’implantation d’embryons humains altérés pour une reproduction, car ils ne peuvent être développés plus de quatorze jours. D’après les résultats de l’enquête lancée par la Commission de la santé, le scientifique a « délibérément éludé la surveillance à des fins de reproduction ».

Des réactions mitigées de la part des experts internationaux

Les experts internationaux en sciences génétiques ont déclaré qu’il fallait prendre des mesures strictes. « Le rapport devrait donner l’exemple avec des actions légales et punitives appropriées pour rassurer le public et la communauté scientifique », a déclaré Yalda Jamshidi, experte en génomique à l’université de Londres.

Helen O’Neill, experte en sciences de la reproduction à l’ « University College London », a avoué être « préoccupée par le rapport qui ne donne aucune précision ni sur les mesures prises pour empêcher que cela ne se reproduise à l’avenir ni sur la sanction ».

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