Yout est un acteur majeur du marché du stream-ripping et c’est en partie pour cette raison que le service se trouve dans le collimateur des ayants droit à travers le monde. Ces derniers ont d’ailleurs décidé d’accentuer leurs efforts et de tout mettre en oeuvre pour faire fermer le site.
Le piratage a beaucoup évolué au fil des décennies. Réservé à l’origine aux utilisateurs les plus émérites, et les plus patients, il s’est ouvert à tous depuis et il suffit ainsi désormais de quelques clics pour trouver des contenus illégaux et les télécharger sur son ordinateur.
Yout, de son côté, aborde les choses un peu différemment. Le service n’est en effet pas un tracker torrent et il ne propose pas non plus un catalogue de films et de séries à télécharger en DDL comme c’est par exemple le cas avec ZT-ZA, redevenu désormais Zone-Téléchargement.
Yout bloqué au Brésil et en Espagne
Cet outil vient en réalité se ranger dans la famille des services de stream-ripping, et donc des services permettant aux internautes de convertir un flux numérique en média pouvant être stocké en local sur un ordinateur.
Le principe est relativement simple. Une fois arrivé sur le service, il suffit de coller dans le seul champ disponible l’adresse du contenu que l’on souhaite convertir. Après validation, le site va aller chercher le contenu et afficher un panneau d’outils.
Ce panneau vous permettra de choisir le format d’enregistrement, mais aussi la qualité ou encore les informations méta associées au contenu.
Sur le papier, donc, Yout n’incite aucunement ses utilisateurs à télécharger des oeuvres protégées par les droits d’auteur. Il se pose davantage comme un convertisseur. Les ayants droit ne partagent cependant pas cet avis.
Les ayants droit agacés par le stream-ripping
En mai de cette année, Yout s’est en effet retrouvé sur la liste noire des FAI brésiliens et il a alors été bloqué sur l’ensemble du territoire. Du moins en théorie, le blocage par DNS n’étant pas spécialement difficile à contourner.
A a place, beaucoup auraient jeté l’éponge, mais cela n’a pas été le cas de l’équipe du service. Elle a en effet embauché un cabinet d’avocats pour faire valoir ses droits. Avec succès, puisque le tribunal correctionnel brésilien a du même coup ordonné la levée des blocages.
Mais voilà, les ayants droit ne souhaitent pas en rester là et le site a ensuite été bloqué… en Espagne. Yout a de nouveau demandé à ses avocats d’enquêter et ces derniers ont alors appris qu’un blocus avait été mis en place sur le territoire espagnol… pour plusieurs sites spécialisés dans le stream-ripping. Encore une fois, l’entreprise compte faire appel, mais l’issue de cette plainte reste incertaine, d’autant que la RIAA soutient la demande déposée en Espagne.
Cette affaire est évidemment importante. Si les ayants droit l’emportent, alors Yout risque d’avoir du mal à continuer son activité. Car si contourner un blocage par DNS n’a rien de compliqué, peu d’internautes pensent à le faire quand ils sont confrontés à cette situation.
Et en France alors ?
Et pour la France, alors ? Curieusement et comme nous l’a appris une session qui s’est tenue à Assemblée Nationale avant l’été, le stream-ripping n’est pas considéré comme du piratage sur le territoire français.
Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du logement, avait ainsi expliqué alors qu’elle représentait Roselyne Bachelot :
« Cette pratique est légale et la copie qui en résulte relève de l’exception pour copie privée, telle que prévu par la loi si plusieurs conditions sont réunies : elle doit être réalisée à partir d’une source licite à la demande de l’utilisateur sans être stockée par le convertisseur, et aucun contournement de mesures techniques de protection ne doit être effectué.»
Emmanuelle Wargon – Assemblée Nationale
Concrètement, donc, il n’est pas interdit de faire une copie locale d’un contenu hébergé en ligne en passant par un service de stream-ripping en France, du moins à condition que ce dernier ne conserve aucune copie et qu’il ne vienne pas casser de DRM. Et bien sûr, la source où est hébergé le contenu doit être légale.