Le site hydrothermal de Dallol, situé au nord-est de l’Éthiopie, est un trésor naturel unique au monde. Il repose sur une poche magmatique qui se trouve à 2 000 m de profondeur. Ce système hydrogéologique complexe interagit avec l’eau salée de la mer Rouge.
Les scientifiques y ont découvert des bactéries très primitives qui se sont adaptées à ce milieu extrêmement salin et hyperperacide.
En 2009, le gouvernement éthiopien a accordé un droit d’exploitation de la potasse dans le site à une société canado-norvégienne. Pourtant, l’extraction à grande échelle risque d’affecter le fonctionnement du système hydrothermal, de l’assécher, voire de faire disparaître cet endroit exceptionnel.
En 2016, le photographe français Olivier Grunewald a eu vent du lancement de ce projet d’exploitation. Dès lors, il a décidé de convaincre une équipe scientifique composée de microbiologistes, d’écologues et de géologues d’aller étudier le site.
Un endroit paradoxalement aride et multicolore
Le site géologique de Dallol est situé à moins de 136,8 m en dessous du niveau de la mer. Il renferme des eaux brûlantes saturées en sel et ayant une acidité d’environ 120°.
Les geysers brûlants, les fumerolles irritantes et les lacs acides noirs font de ce site une beauté rare. L’endroit est à la fois aride et multicolore, avec un fond blanc, jaune, vert et rouge-ocre. Cet aspect s’expliquera par le fait qu’il s’agit d’un mélange de sources thermales, de coulées de chlorure de magnésium, de montagnes jaune-orangé de soufre, de vasques d’eau verte et de champignons d’évaporites.
L’étude a été réalisée par une équipe franco-espagnole menée par les chercheurs Purificación López-García et David Moreira Fernández du CNRS.
Des formes de vie primitives extrêmophiles
Malgré le fait qu’il soit particulièrement hostile, cet écosystème héberge des formes de vie primitives. Les chercheurs y ont identifié des bactéries primitives comme les archées, ou Archaea. Ils estiment que la préservation du site de Dallol représente un enjeu scientifique considérable, car c’est une réserve hydrogéobiologique complexe et unique en son genre. En effet, il se peut que ce milieu renferme des informations précieuses pouvant aider les chercheurs à mieux comprendre la formation de la vie et ses limites.
« Les analyses d’ADN ont révélé la présence de bactéries extrêmophiles inconnues ayant des caractéristiques rares comme la résistance à l’hypersalinité », a expliqué Purificacion Lopez-Garcia, la principale auteure de l’étude. « L’aventure scientifique est loin d’être terminée. »
« L’identification de nouveaux organismes nous fera savoir les conditions physicochimiques dans lesquelles la vie s’est développée quand la Terre était encore chaude et riche en activités hydrothermales », a souligné David Moreira Fernández, codirecteur de l’étude. « On peut aussi envisager la vie sur des exoplanètes avec un environnement semblable à celui de Dallol. »