Les neuroscientifiques à deux doigts de créer des mini cerveaux conscients

Certains chercheurs travaillent sur des mini-organes artificiels sous forme de structures multicellulaires dans des laboratoires. À l’heure actuelle, les neuroscientifiques semblent même être sur le point de créer des mini-cerveaux « sensibles ». Ces derniers seraient censés servir d’alternative économique et pratique à l’expérimentation animale.

Le progrès de ces recherches est spectaculaire, au point d’inquiéter la communauté scientifique sur leur portée bioéthique.

Cerveau
Crédits Pixabay

A l’occasion de Neuroscience 2019, la réunion annuelle de la Society for Neuroscience, qui a eu lieu à Chicago dernièrement, les experts ont remis le sujet au tapis. Ils ont alerté sur l’urgence et la nécessité de créer un cadre définissant la « sensibilité », et stipulant un ensemble de règles éthiques concernant la manipulation des organoïdes.

La présentation des enjeux a été faite par des chercheurs du Green Neuroscience Laboratory de San Diego. Dans une autre étude publiée plus tôt dans le mois, une équipe de l’Université de Pennsylvanie a expliqué l’utilité de l’adoption de lignes directrices dans le domaine.

De surprenantes similitudes avec le cerveau humain

« Les caractéristiques compositionnelles et causales de ces cultures sont – de par leur conception – souvent très similaires à celles des substrats neuronaux naturels », ont expliqué les chercheurs du Green Neuroscience Laboratory. « Les développements récents dans la recherche sur les organoïdes impliquent également que les substrats anatomiques s’approchent maintenant de l’organisation du réseau local et des structures plus grandes que l’on trouve chez les animaux sensibles. »

Certains chercheurs ont déjà utilisé des mini-cerveaux artificiels dans l’objectif de déterminer les différences entre les humains et les chimpanzés. En mars dernier, une équipe a réussi à créer un mini-cerveau dont la complexité serait l’équivalent de celle d’un cerveau fœtal humain entre 12 et 13 semaines. De plus, le cerveau artificiel s’est spontanément relié à une moelle épinière et à un tissu musculaire.

Dans une recherche plus récente, une autre équipe a constaté que l’activité électrique de certains organoïdes présente de surprenantes similitudes avec les ondes cérébrales humaines.

Une feuille de route pour une nouvelle neuroscience

Les scientifiques de Green Neuroscience Laboratory ont proposé une « Feuille de route pour une nouvelle neuroscience ». Il s’agit d’un nouveau cadre réglementaire visant à exclure les « méthodologies toxiques », l’expérimentation animale et les méthodes qui portent autrement atteinte aux droits, à la vie privée et à l’autonomie.

Les experts ont souligné que les actuels mini-cerveaux sont encore loin d’avoir un niveau de conscience. Néanmoins, ils estiment qu’il est plus « sage de comprendre les considérations éthiques pertinentes afin d’éviter les pièges potentiels qui pourraient survenir à mesure que cette technologie avance. »

« Nous ne voulons pas que les gens fassent de la recherche là où il y a un potentiel de souffrance », ont-ils écrit.

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