Les organismes primitifs seraient aussi capables d’apprendre

Le Physarum polycephalum est en train de devenir une véritable célébrité et cela n’a rien de surprenant car cet étrange organisme est capable d’apprendre à ignorer un obstacle alors qu’il est unicellulaire et dépourvu de neurones mais également de système nerveux. Il s’agit d’une grande première et c’est sans doute pour cette raison qu’il fait autant parler de lui depuis le début de la semaine.

Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient qu’un organisme avait besoin d’un cerveau et d’un système nerveux pour pouvoir apprendre quelque chose mais il semblerait que cela ne soit pas le cas.

Amibes intelligentes
Certains organismes primitifs sont plus malins qu’on pourrait le croire.

Pas d’après l’expérience menée par des chercheurs français de l’université Paul Sabatier de Toulouse en tout cas.

Le Physarium polycephalum est peut-être plus malin qu’on le pensait

Le Physarium polycephalum appartient à la famille des amibes. Il est visible à l’oeil nu et il se nourrit habituellement des spores de champignons mais également de bactéries et de microbes. Oui, et il a aussi une particularité intéressante : il est capable de se déplacer.

Comment fait-il ? Il utilise un flux de cytoplasme pour générer une force motrice et pouvoir évoluer dans son environnement.

Les chercheurs ont donc sélectionné plusieurs spécimens et ils les ont soumis à une course d’obstacles. Certains organismes avait un accès direct à leur nourriture mais d’autres devaient traverser une zone imprégnée de caféine pour atteindre leur objectif et pour se nourrir.

Si la caféine est très utile pour démarrer sa journée, cette substance est également très amère et elle n’est pas appréciée par ce genre d’organismes.

Sans surprise, au début, le Physarium polycephalum était plutôt réticent à franchir cet obstacle mais il a fini par surmonter son aversion et par traverser la zone. C’est intéressant, mais ce n’est pas fini car il l’a traversé… de plus en plus rapidement.

Au bout de six jours, l’organisme se comportait de la même manière que le groupe témoin.

Afin d’aller un peu plus loin, les chercheurs ont conduit une expérience similaire en remplaçant cette fois la caféine par de la quinine et ils ont obtenu exactement les mêmes résultats.

Est-il possible d’apprendre sans cerveau ?

Ensuite, ils se sont amusés à inverser les groupes. Les organismes habitués à la caféine ont été réticents à franchir la zone imprégnée de quinine au début mais ils ont fini par s’habituer à la substance au bout de quelques jours. Même chose du côté des organismes habitués à la quinine.

Ils ont alors compris que l’amibe était capable d’apprendre de son expérience.

Cette découverte les a littéralement soufflé et cela peut aisément se comprendre car pour apprendre, un organisme a besoin de pouvoir retenir des informations, chose impossible sans des neurones et sans un cerveau.

Pour le moment, ils ont retenu deux hypothèses.

D’après eux, il est ainsi possible que les récepteurs de ces organismes soient altérés à chaque exposition à la substance amère et donc qu’ils finissent par devenir totalement insensibles à cette dernière. La seconde hypothèse est un peu plus complexe. Ils pensent en effet que la réception des signaux chimiques au niveau des récepteurs peut entrainer une cascade de réactions moléculaires et modifier ensuite l’expression de certains gènes.

Quoi qu’il en soit, ils n’ont pas l’intention d’en rester là et ils comptent bien mener de nouvelles expériences, sur d’autres organismes.

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