
L’étonnante histoire d’Edward Mordrake, l’homme aux deux visages
L’une des histoires les plus intéressantes qu’on ait entendues ces dernières années est celle d’un certain gentleman anglais du XIXe siècle nommé Edward Mordrake (ou “Edward Mordake”, selon des sources plus anciennes), qui est né avec une malformation si inhabituelle que ça l’a conduit au suicide.
Bien que popularisée dans les années 2000 par des memes, des chansons et des émissions de télévision, l’histoire n’a pas une origine récente. Elle avait déjà suscité les intérêts morbides des lecteurs victoriens il y a plus d’un siècle à travers le livre Anomalies and Curiosities of Medicine de Gould et Pyle, publié en 1896.
L’histoire…
Au début du 19e siècle, un bébé est né dans la famille aristocratique Mordrake – ou Mortdrake. Le petit garçon, Edward, était l’héritier de l’une des familles les plus nobles en Angleterre, et a été élevé avec tous les privilèges de la haute société.
Étant enfant, l’histoire raconte qu’Edward était d’une nature charmante et douce, et en grandissant il était instruit et intelligent, et un musicien très talentueux.
Mais, bien que le beau jeune homme semblait avoir tout ce qu’une famille aisée et une bonne éducation pouvaient procurer, il était également troublé secrètement.
Un trouble rare
La raison de ce trouble était qu’Edward était apparemment né avec un deuxième visage à l’arrière de sa tête, une maladie congénitale connue en médecine sous le nom de diprosopie (« deux visages »), ou duplication cranofaciale. Une maladie extrêmement rare où des parties ou la totalité du visage sont dupliquées sur la tête du malade.
Bien qu’Edward fût dit beau quand on le voyait de face, le second visage était apparemment laid, diabolique et tordu. Certaines versions de l’histoire disent que le deuxième visage possédait sa propre intelligence maligne – que les yeux suivaient les gens et que les lèvres bougeaient silencieusement. Dans d’autres versions, le deuxième visage était celui d’une belle fille.
D’après l’histoire, le deuxième visage semblait prendre plaisir à la détresse d’Edward au sujet de son état. L’histoire dit aussi que le visage ne pouvait pas manger ou parler, mais il pouvait rire et pleurer.
Le désespoir
Le jeune homme aurait supplié les médecins d’enlever son « jumeau », parce que, bien qu’aucune voix n’ait jamais été entendue par les autres, Edward était convaincu qu’il lui murmurait des choses horribles la nuit, perturbant son sommeil – mais aucun médecin ne tenta d’enlever le visage.
Finalement, dans le désespoir complet de son tourment, le jeune Edward aurait mis fin à sa propre vie, à 23 ans, en avalant du poison. Cependant, une autre conclusion plus dramatique à son histoire dit qu’il a tiré un coup de feu entre les deux yeux de son « jumeau maléfique », se tuant lui-même par la même occasion.
Dans les deux versions, Edward tourmenté aurait laissé une note de suicide, suppliant que le « visage diabolique » soit détruit avant son enterrement, pour éviter qu’il ne continue à lui murmurer sa méchanceté s’il allait avec lui dans sa tombe.
Une histoire vraie ?
On raconte que le poète et écrivain Charles Lotin Hildreth a peut-être été à l’origine de l’histoire d’Edward Mordrake dans un article censé être factuel, publié en 1895 dans le Boston Post. L’article énumère un certain nombre de cas d’anomalies médicales, comme une sirène, et un homme avec un corps ressemblant à une araignée. Hildreth a prétendu avoir découvert ces cas dans les archives d’une société scientifique.
Il reste cependant difficile de connaître la vérité à propos de l’histoire du malheureux Edward. Il n’y a en effet aucune documentation médicale qui existe sur le cas, et les seuls faits rapportés viennent du bouche-à-oreille, et ont sans doute été exagérés au fil du temps. Cependant, bien qu’il n’existe pas beaucoup de preuves écrites – et pas de photos réelles de Mordrake, étrangement il y avait des figures de cire faites à son effigie.
Alors, l’histoire d’Edward Mordrake est-elle vraie ? Ce qu’on peut dire c’est que l’histoire a été considérée comme une fiction pendant un certain temps, et évidemment, de nombreuses parties n’ont pas d’explication médicale. Pourtant, il se pourrait que les années aient transformé ce qui était peut-être à l’origine un fait réel.
Des cas réels de diprosopie
À la fin des années 1970 ou au début des années 1980, un homme nommé Chang Tzu Ping est né en Chine avec un deuxième visage – une bouche, une langue, plusieurs dents et d’autres traces de traits du visage. La gorge et les lèvres du deuxième visage ne bougeaient pas de façon indépendante, mais sa bouche bougeait en même temps que Chang bougeait la sienne.
Chang a été emmené en Amérique où il a subi avec succès une opération pour enlever chirurgicalement le deuxième visage. Son cas, et la chirurgie, ont été rapportés dans l’émission télévisée des années 1980, That’s Incredible.
Un autre cas bien connu de diprosopie est celui de Lali Singh, une petite fille née en Inde, en mars 2008. Lali avait une duplication cranofaciale complète – deux paires d’yeux, deux nez et deux bouches. Mais, au lieu d’être rejeté, le bébé était vénéré comme la réincarnation de plusieurs divinités hindoues. Lali est décédée à l’hôpital à l’âge de 2 mois, suite à des complications médicales.
Il semble donc que le cas d’Edward Mordrake puisse être fondé, en partie, sur des faits réels. La maladie existe vraiment, bien qu’elle soit extrêmement rare. Cependant, pour ce qui est du tourment d’Edward Mordrake par son « jumeau maléfique » et son suicide subséquent, il n’y aura peut-être jamais de preuve. Une chose est sûre en tout cas, l’histoire de cet aristocrate est profondément inscrite dans notre culture populaire et l’homme a ainsi été évoqué à de multiples reprises dans le cinéma et les séries.
Notamment dans Amercian Horror Story.