L’Iran menace de représailles les auteurs d’une cyberattaque présumée sur un site nucléaire

Le vendredi 3 juillet 2020, Reuters nous rapporte que l’Organisation iranienne de l’énergie atomique a signalé la survenue d’un « incident » sur un site nucléaire de l’Iran le jeudi 2 juillet. L’Organisation a ensuite publié une photo d’un bâtiment à étage en brique dont le toit et les murs étaient partiellement brûlés. La porte était à peine suspendue à ses charnières. A en croire les autorités iraniennes, il pourrait s’agir d’une explosion survenue à l’intérieur du bâtiment…et sûrement pas un accident.

Le bâtiment concerné est, en fait, le site d’enrichissement d’uranium de Natanz, qui est situé dans le désert de la province centrale d’Ispahan. Il s’agit de l’une des nombreuses installations iraniennes surveillées par les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui est l’organisme de surveillance nucléaire des Nations Unies.

Crédits Pixabay

La plus haute instance de sécurité iranienne avait alors annoncé vendredi que la cause de « l’incident » avait été déterminée, mais qu’elle serait annoncée ultérieurement « pour des raisons de sécurité ».

Hypothèses

Certains responsables iraniens ne cachent pas qu’ils pensent que cet incident a été causé par un cyber sabotage. D’ailleurs, le chef de la défense civile, Gholamreza Jalali, a déclaré que l’Iran exercera des représailles contre tout pays qui mène des cyberattaques sur ses sites nucléaires. Il ajoute à la télévision d’État que :

Répondre aux cyberattaques fait partie de la puissance de défense du pays. S’il est prouvé que notre pays a été pris pour cible par une cyberattaque, nous répondrons.

Quant aux potentiels suspects, l’agence de presse officielle IRNA a déclaré dans un article publié le jeudi 2 juillet que des ennemis tels que les États-Unis ou Israël pourraient bien avoir mené l’attaque bien qu’aucune accusation directe contre l’un ou l’autre n’a été formulée. Elle estime par contre que :

Jusqu’à présent, l’Iran a essayé d’empêcher l’intensification des crises et la formation de conditions et de situations imprévisibles. Mais le franchissement de la ligne rouge de la République islamique d’Iran par des pays hostiles, en particulier le régime sioniste et les États-Unis, signifie que la stratégie devrait être révisée.

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Le même site a été ciblé par une cyberattaque 10 ans plus tôt

Trois autres responsables iraniens, qui ont voulu garder leur anonymat, pensent également que l’incendie résulte d’une cyberattaque. D’après l’un d’entre eux, l’attaque a visé un bâtiment d’assemblage de centrifugeuses, qui ne sont autres que les délicates machines cylindriques qui enrichissent l’uranium, et, chose curieuse, ce ne serait pas la première fois que l’installation est la cible d’une attaque.

Un virus informatique dénommé Stuxnet, et développé par les États-Unis et Israël, avait été découvert en 2010 après qu’il ait été utilisé pour attaquer l’installation de Natanz. Mais selon le chercheur et consultant indépendant Lukasz Olejnik, basé à Bruxelles et spécialisé en cybersécurité :

Des événements qui se sont déroulés une fois il y a plus de 10 ans ne peuvent constituer aucune preuve de ce qui se passe aujourd’hui.

Il déclare également qu’il est « beaucoup trop tôt » pour parler de cyberattaque et imaginer le spectre du sabotage numérique. Il ne nous reste plus qu’à attendre le moment opportun où les autorités lèveront le voile sur les causes de cet incident.

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