
Mais au fait, d’où viennent les empreintes digitales ?
La technique de l’analyse des empreintes digitales a été utilisée pour la première fois dans une enquête criminelle en 1910. Elle a permis d’identifier et de condamner un homme du nom de Thomas Jennings. Toutefois, au-delà de l’utilité des empreintes digitales dans la criminologie, des scientifiques ont essayé de déterminer leur finalité naturelle.
Il s’agit d’un défi scientifique qui est encore d’actualité.

Il existe essentiellement deux hypothèses concernant la raison d’être des empreintes digitales. L’une est que ces stries servent à la préhension, c’est-à-dire qu’elles favorisent l’adhérence entre la main et l’objet à prendre. L’autre est qu’elles améliorent le sens du toucher.
Une troisième hypothèse, qui n’a pas encore été explorée, suggère qu’elles aident à empêcher la formation d’ampoules.
Un rôle dans la préhension des surfaces mouillées ?
Roland Ennos, chercheur en biomécanique et professeur invité de biologie à l’université de Hull au Royaume-Uni, s’est consacré à la vérification de l’hypothèse selon laquelle les empreintes digitales aident à la préhension.
Il pensait que les creux et les crêtes minuscules des empreintes digitales créent une friction entre les mains et la surface touchée, comme les renforts des pneus en caoutchouc des voitures.
Afin de vérifier sa théorie, il a effectué des expériences en laboratoire. Concrètement, il a évalué les frictions générées par les contacts entre la main et un plexiglas. Il a constaté que « la zone de contact réelle était réduite par les empreintes digitales, parce que les vallées n’entraient pas en contact ». « Les empreintes digitales devraient réduire la friction, du moins sur les surfaces lisses », a-t-il conclu.
Toutefois, il a pensé que, dans le cas où la surface est mouillée, les empreintes digitales pourraient faciliter la préhension en empêchant le glissement, comme le font les bandes de roulement des pneus. Néanmoins, cette explication n’a pas encore été vérifiée.
Outre, selon une autre théorie avancée par Ennos, « les crêtes renforcent la peau dans certaines directions et l’aident à résister aux cloques, tout en lui permettant de s’étirer à angle droit, afin que la peau reste en contact ».
Les empreintes digitales changent complètement la nature des signaux
Pour sa part, Georges Debrégeas, biologiste à l’Université de la Sorbonne à Paris, a essayé d’identifier de potentielles corrélations entre les empreintes digitales et la sensibilité des mains.
Notons que les doigts contiennent quatre types de mécanorécepteurs, des cellules qui réagissent à la stimulation mécanique. Debrégeas s’est particulièrement concentré sur l’un d’eux, les corpuscules paciniens. « J’étais intéressé par les corpuscules paciniens parce que nous savions, grâce à des expériences antérieures, que ces récepteurs spécifiques relaient la perception de la texture fine », a-t-il expliqué.
Après avoir effectué des expériences en laboratoire, lui et son équipe ont constaté que les empreintes digitales amplifiaient les vibrations auxquelles les corpuscules paciniens sont sensibles. « Le fait de mettre des empreintes digitales sur la peau change complètement la nature des signaux », a-t-il déclaré.