
Webtoon : et si on parlait du mal-être des artistes de manhwa ?
De nos jours, il est plutôt rare de trouver quelqu’un qui ne lit pas ou qui n’est jamais entendu parler de manga ou de manhwa. En l’espace de quelques décennies, le marché des romans graphiques a tout simplement explosé sur la scène internationale.

Et à l’instar des mangas japonais qui représentent une valeur sûre du marché, il ne faut pas omettre l’ascension fulgurante des webtoons sud-coréens. Toutefois, ce n’est que la partie enjolivée de l’histoire.
Le profit au détriment de la santé
Ce constat ne date pas vraiment d’aujourd’hui. Bien souvent mise sous le tapis, la question liée aux conditions de travail déplorables des artistes de manga et de manhwa revient de plus en plus sur la table. Chaque année, on enregistre un nombre incroyable de bandes dessinées qui sont publiées à un rythme soutenu quasiment chaque semaine.
Si cette ponctualité ravit les lecteurs, il faut néanmoins s’interroger une minute sur les hommes et femmes qui se chargent au quotidien de leur production. Et sur ce point, ceux qui occupent les premières lignes sont les artistes en chair et en os.
De véritables bourreaux de travail, ils travaillent continuellement sous pression pour livrer de nouveaux chapitres dans des délais courts. Malgré le temps imparti, ils arrivent tout de même à remplir leur part du contrat. Mais à quel prix ?
Un rapport alarmant
Qu’il s’agisse des artistes de manga ou de manhwa, les constats sont plus ou moins similaires. Et le point d’orgue de cette similitude est bien entendu les conditions de travail précaire. C’est aussi la question sur laquelle s’est penchée l’Agence coréenne de sécurité et de santé au travail. Et au vu du résultat, le constat est sans appel.
Pour mener son enquête, l’Agence en question s’est intéressée en particulier à deux manhwas en particulier. Il s’agit notamment de Solo Leveling que l’on ne présente plus et Roxana. À première vue, ces deux œuvres n’ont pas vraiment de points en commun. Mais à y regarder de plus près, il y en a bien un.
Les artistes qui travaillaient sur ces deux séries ont tous eu des problèmes de santé qui se sont manifestés durant la période où ils travaillaient sur leur manhwa respectif. Et malheureusement, cela ne sait pas bien terminer en l’occurrence pour Dubu, l’illustrateur de Solo Leveling, qui est décédé l’année dernière.
Les résultats de l’enquête
Mais bien loin de se limiter à ce cas, d’autres éléments permettent d’attester des problèmes que peuvent rencontrer les artistes de manhwas. Sur les bases de l’enquête réalisée par l’Agence, il a été noté que 28,7 % des auteurs de manhwa reconnaissent souffrir de dépression. Même si cette étude ne concerne qu’une tranche particulière de la population sud-coréenne, c’est déjà assez élevé si l’on compare ce taux à la moyenne nationale qui est de 7,7 %.
Outre ce détail, le rapport a également révélé qu’une forte propension de ces artistes était sujette à des pensées suicidaires. Cela pouvait aller de la planification jusqu’au passage à l’acte. Et c’est loin d’être le seul problème dont souffre l’industrie coréenne. En plus des horaires de travail scandaleux et de la pression des éditeurs, il n’est guère surprenant que ces artistes développent des problèmes de santé.
Au Japon, le cas de Yoshihiro Togashi, le créateur de Hunter x Hunter a beaucoup attiré l’attention ces dernières années. Mais si l’on exclut ce cas très médiatisé, il en existe bien d’autres comme lui en Corée du Sud et partout ailleurs, qui souffrent en silence. Il est vrai que l’industrie du manga et du manhwa n’a jamais été aussi florissante que maintenant. Cela dit, ce n’est pas une raison pour fermer les yeux sur cette autre réalité qui fait partie intégrante de cette industrie.
Source : ComicBook