YouTube se retrouve une nouvelle fois au cœur des critiques. Plusieurs créateurs accusent en effet la plateforme de démonétiser systématiquement les contenus parlant de sexualité ou du corps des femmes. Un hashtag a même été lancé sur Twitter : #MonCorpsSurYouTube.
YouTube s’est retrouvé dans une situation compliquée l’année dernière lorsque des annonceurs ont réalisé que leurs campagnes publicitaires étaient diffusées sur des vidéos aux contenus extrémistes et choquants.
Lorsque l’affaire a été rendue publique, la plateforme a dû faire face à une véritable levée de boucliers de la part des marques et plusieurs d’entre elles ont ainsi suspendu leurs investissements afin de faire pression sur la firme.
YouTube démonétise à tour de bras les vidéos traitant de sexualité féminine
YouTube n’a évidemment pas tardé à réagir et l’entreprise a ainsi annoncé une série de directives pour stopper l’hémorragie ainsi que de nouveaux outils spécialement dédiés aux annonceurs.
L’initiative a fonctionné, mais elle semble avoir des répercussions pour le moins étonnantes.
Depuis le début du mois, de nombreux créateurs de contenus ont ainsi eu la désagréable surprise de voir leurs contenus démonétisés sans le moindre avertissement de la part de la plateforme. Plus étrange encore, les contenus ainsi démonétisés portent tous sur les mêmes thématiques, et plus précisément sur le corps et la sexualité des femmes.
Les vidéos démonétisées n’avaient pourtant rien de choquant ou même de sexuel. Elles couvraient en effet des sujets tout à fait ordinaires et légitimes comme les règles ou même l’épilation.
Dans certains cas, YouTube a même été plus loin en s’attaquant à des vidéos portant sur des sujets de société graves et importants tels que les violences sexuelles et/ou conjugales, le harcèlement, le viol ou même l’IVG.
Les Internettes en appellent à une prise de conscience
Alors bien sûr, pour faciliter la gestion de son catalogue, la plateforme s’appuie sur des algorithmes automatisés, des algorithmes naturellement perfectibles et limités. Toutefois, la plupart des vidéos impliquées ont également fait l’objet d’un examen manuel, un examen qui n’a eu aucun effet sur leur démonétisation.
Face à la situation, Les Internettes ont donc lancé une vaste opération sur les réseaux sociaux en s’appuyant sur le hashtag “#MonCorpsSurYouTube”.
Pour l’association, cette décision a de lourdes conséquences pour les créateurs, certes, mais également pour les internautes. En coupant la monétisation sur ces contenus, YouTube adopte une vision volontairement sexiste et pousse ses utilisateurs à faire preuve d’auto-censure.
Elle appelle donc l’entreprise à prendre ses responsabilités et à se remettre en question. En espérant naturellement que leur appel soit entendu.
https://twitter.com/dirtybiology/status/1000061846383136769
#MonCorpsSurYouTube Allez à moi. La petite icône jaune, c'est tout ce qui est démonétisé : IVG, violences sexuelles, justice et même le portrait de militantes russes. Chez moi, YouTube ne censure pas seulement le corps des femmes, mais TOUT ce qui concerne LEURS DROITS 😤. pic.twitter.com/5x3mQuMyHI
— Marine Périn (@MarinePerin) May 25, 2018
https://twitter.com/itsagnesD/status/999925894889095168
https://twitter.com/itsagnesD/status/999931222443921409
#MonCorpsSurYouTube a été démonétisé lorsque j'ai voulu parler de l'avortement. Lorsque j'ai voulu expliquer que l'IVG était un droit fragile, qu'il fallait le respecter. J'avais fait très attention aux images et aux mots employés, et pourtant démonétisé et passé en + de 18 ans. pic.twitter.com/7OXDdbbntA
— Calie (@CalieSineNomine) May 25, 2018
J'avoue que j'ai du mal à comprendre pourquoi cette vidéo est démonétisée malgré une vérification manuelle ? A cause des dessins ? Parce qu'on est bien d'accord que c'est des blagues ! #MonCorpsSurYouTube pic.twitter.com/HEIf2GoU7X
— 🎈Maud Bettina-Marie 🎈 (@MaudBettinaM) May 25, 2018