Alors que le système solaire venait à peine de se former il y a près de 4,6 milliards d’années, un projectile est tombé sur une version encore « jeune » de la Lune et a laissé comme trace un bassin d’une largeur de 620 km. Ce bassin est aujourd’hui connu sous le nom de bassin des Crises. Jusqu’ici, on ne connaît pas la date exacte de cet impact, mais les scientifiques tentent depuis longtemps d’en savoir plus sur une période éventuelle de bombardement intense de météorites au niveau de la Lune et de la Terre.
Maintenant, des chercheurs viennent d’annoncer la découverte d’un cratère au niveau du bassin qui contiendrait une couche intacte d’impactite.
Un échantillon provenant de cette zone permettrait d’obtenir des informations sur l’état de la Terre durant la période primordiale, quand la vie commençait à apparaître. Cependant, ce qui étonne le plus les chercheurs c’est la découverte d’une cloque géologique au sein du bassin, ayant une superficie supérieure à celle de la ville de Paris.
Selon l’article publié dans la revue Journal of Geophysical Research : Planets, cette cloque semblerait avoir été gonflée et fissurée à la suite d’une activité magmatique souterraine encore inexpliquée.
Résoudre les mystères de l’origine de la vie
Il est difficile d’étudier les impacts météoritiques du passé sur Terre à cause de phénomènes comme l’érosion et le mouvement des plaques tectoniques qui en effacent les preuves. La Lune par contre, avec l’inactivité qui y règne et l’absence d’atmosphère, possède des milliards d’années de cratères.
Elle offre ainsi un aperçu indirect des impacts qui ont touché notre planète au fil du temps.
Ainsi, en utilisant ces informations, il serait possible pour les scientifiques d’essayer de résoudre les mystères de l’origine de la vie. Malgré le débat concernant l’âge des plus anciens fossiles, on a pu déterminer que certains dataient de 3,5 à 4,28 milliards d’années. Des preuves provenant de la Lune suggèrent que cet intervalle correspondrait à une période où la Terre subissait les impacts de divers fragments issus de la formation de notre système solaire.
Le Grand bombardement tardif
Des échantillons de roches lunaires apportés par les missions Apollo et les missions robotisées de l’Union Soviétique proviennent des bassins lunaires et de vastes cratères situés sur la face visible. De nombreux échantillons ont ainsi été datés entre 3,8 et 4 milliards d’années. Ces résultats impliquent qu’il y a eu un pic au niveau du nombre d’impacts déjà élevé. Cette période qui a duré 200 millions d’années a été baptisée le Grand bombardement tardif.
Les récentes réévaluations ont cependant encouragé les experts à remettre en question l’âge des bassins. La provenance de nombreux échantillons lunaires n’est en effet pas sûre et les chercheurs pensent que certains auraient pu être éjectés d’un bassin à un autre. De plus, d’après les résultats des analyses des roches recueillies durant les missions Apollo, le pic s’est produit il y a 3,9 milliards d’années. Il n’y a ainsi aucune explication concernant l’accalmie qui a duré 700 millions d’années suivant la formation du système solaire.
Selon Paul Byrne, planétologue à l’université d’Etat de Caroline du Nord, et qui n’a pas participé à l’étude, il est crucial de déterminer si ces impacts lunaires se sont bel et bien formés à la même période.
Ainsi, jusqu’ici, les scientifiques ont encore du mal à mettre une date exacte sur la formation du bassin des Crises. Ils ont aussi peu d’explications concernant la formation de certaines parties du relief comme cette cloque récemment découverte. Il faudra attendre le retour des humains sur la Lune ou un prélèvement par des sondes robotisées pour pouvoir éclaircir tous ces mystères.