Le bruit intense des canons à air sismiques utilisés dans l’exploration pétrolière ont perturbé la réponse physiologique des narvals. Un article publié le 8 juillet dans le Journal of Functional Ecology fournit un avant-goût de l’impact du bruit sismique sur les réponses physiologiques d’un cétacé plongeant en profondeur. Généralement, cela provoque une forte augmentation du coût énergétique de la plongée, alors que le rythme cardiaque diminue.
Selon Terrie Williams, professeur d’écologie et de biologie évolutive à l’Université de Californie Santa Cruz, la combinaison d’infimes fréquences cardiaques et d’un exercice de haute intensité serait problématique pour les narvals. Cela affecterait la quantité de sang et d’oxygène pouvant circuler.
Les études ont été menées à Scoresby Sound, sur la côte Est du Groenland. Mads Peter Heide-Jørgensen, professeur de recherche à l’Institut des ressources naturelles du Groenland, co-auteur de l’étude, analyse la population de narvals du Groenland oriental depuis plus de dix ans.
L’exposition au bruit a rendu les fréquences cardiaques des narvals instables
Dans une étude précédente, Mme Williams et ses collègues ont examiné les narvals libérés des filets tendus par des chasseurs indigènes. Les réponses physiologiques étaient similaires, à savoir des fréquences cardiaques extrêmement basses pendant un exercice intense lors d’une série de plongées de fuite. Selon Mme Williams, la différence entre les deux événements se trouverait dans la durée potentielle de la perturbation.
L’exposition au bruit a rendu les fréquences cardiaques des narvals instables. Elles pouvaient être extrêmement basses à cause de la peur, puis devenaient très vite rapides à cause de l’exercice intense. La réduction de la fréquence cardiaque, ou bradycardie, serait normale lors de la plongée des mammifères. Cependant, lors de plongées normales, la fréquence cardiaque augmenterait encore avec l’exercice.
Les mammifères plongeant en profondeur économisent généralement de l’énergie en glissant lors des descentes. Or, durant l’exposition au bruit, les narvals ont pris la fuite en nageant plutôt qu’en glissant. Leur rythme cardiaque était très bas et leur respiration à la surface était plus rapide. Cette réaction serait particulièrement énergivore.
Des dispositifs ont été créés afin de mieux étudier ces mammifères marins
Au cours des deux dernières décennies, le bruit des activités humaines aurait causé des échouages massifs de cétacés plongeant en profondeur, principalement des baleines à bec. C’est pourquoi, le groupe de Williams a mis au point des instruments permettant aux chercheurs de surveiller la physiologie de l’exercice des mammifères marins pendant les plongées.
Les instruments étaient fixés aux narvals grâce à des ventouses et se détachaient après un à trois jours. Ils flottaient ensuite à la surface et les scientifiques pouvaient les récupérer. Les équipes de Williams et Heide-Jørgensen ont collaboré avec des chasseurs indigènes afin de fixer ces dispositifs de surveillance.
SOURCE : MIRAGENEWS